Vie et destin de la Méditerranée au Mucem de Marseille


Le MuCEM réorganise son exposition permanente avec une histoire des grandes cités portuaires de la mare nostrum.

« Connectivités » au Mucem de Marseille.
Tous les jours, sauf le mardi, de 9 heures à 18 heures.

Il était une fois la Méditerranée… En 1949, l’historien et géographe Fernand Braudel révolutionne l’approche de la mare nostrum, privilégiant l’examen de la longue durée, à l’étude des faits événementiels. Dans sa volonté de réorganiser ses espaces de présentation permanente, le MuCEM propose une grande exposition sur le lien entre les grandes cités portuaires de la Méditerranée, d’abord aux XVIe et XVIIe siècles, puis au XXIe siècle.

Fernand Braudel accueille le visiteur avec une série de vidéos que prolongent des exposés d’historiens, sociologues, architectes, urbanistes autour de l’évolution de cette région du monde, si active, au trafic si dense, où tout se joue sur la mer, qui inaugura une nouvelle forme de globalisation et de mondialisation.

Jean-Baptiste Huysmans, Ogier de Busbecq achetant à Constantinople l'étendard royal d'Espagne à des pirates turcs, 1904, huile sur toileVille de Bousbecque 
Jean-Baptiste Huysmans, Ogier de Busbecq achetant à Constantinople l'étendard
royal d'Espagne à des pirates turcs, 1904, huile sur toile Ville de Bousbecque / Alain Leprince
Deux empires au XVIe siècle se disputent sa maîtrise, avec des visées différentes. Les Habsbourg se heurtent aux Ottomans. Philippe II, au royaume morcelé, cherche à s’étendre vers l’ouest ; Soliman le Magnifique, qui jouit d’un empire continental d’un seul tenant, se tourne vers l’est et l’Asie.

Les alliances sont mouvantes. Certaines grandes cités concentrent les échanges d’hommes et de marchandises, les richesses et le pouvoir, politique ou financier : Istanbul, Venise, Alger, Gênes, Séville, puis Lisbonne, au sortir de la Méditerranée. De multiples maquettes, tableaux, cartes et objets témoignent de cette rivalité en perpétuel changement, dans un rapport mouvant d’échanges économiques et de conquêtes territoriales. Deux religions, le christianisme et l’islam, s’y frottent comme des silex, provoquant incendies et renversements d’hégémonie.

La deuxième partie de l’exposition fait un bond dans l’histoire

Depuis toujours, la Méditerranée, que l’on croit fermée sur elle-même, est en réalité un point de départ et de passage vers l’Extrême-Orient ou les Indes mythiques. Elle a toujours connu des vagues migratoires, réussies ou tragiques. La découverte de l’Amérique bouleverse la donne et ouvre grand les vannes de ce vaste bassin.

La deuxième partie de l’exposition fait un bond dans l’histoire pour propulser le visiteur à l’époque contemporaine, en opposant deux « modèles » d’attraction galopante. Les métropoles (comme Marseille et Casablanca) aux modes de gestion raisonnée des flux, des circulations, du développement urbain et économique, et les mégapoles (comme Le Caire et Istanbul), victimes de leur expansion sauvage, sans régulation ni vision de l’avenir, et d’une spéculation intensive qui appauvrit les populations. L’enjeu est considérable : en 2050, 65 % des habitants de la Méditerranée seront concentrés dans de vastes zones urbaines.

Les exemples d’Istanbul (15 millions d’habitants) et du Caire (23 millions), tels qu’ils sont présentés au MuCEM, ont de quoi inquiéter par leur extension, anarchique et débridée, lourde de conséquences. Entre les terres agricoles détruites par des constructions sans perspective, le surgissement de banlieues privées de transports en commun et le manque de ressources en eau, tout est réuni pour transformer ces mégapoles en volcans…

Tous les jours, sauf le mardi, de 9 heures à 18 heures. Tél. : 04.84.35.13.13. Site : www.mucem.org

Par Jean-Claude Raspiengeas - Source de l'article La Croix

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