Soirée débat du Réseau Experts France-Maghreb

Soirée débat du Réseau Experts France-Maghreb

Le Réseau Experts France-Maghreb (REFM) a réuni récemment un panel d'invités prestigieux du monde du chiffre lors de sa soirée annuelle, Salle Wagram. Interprofessionalité, impact de l'intelligence artificielle et développement à l'international ont été débattus.

Lamia Allouli, présidente du REFM, a introduit cette soirée au programme chargé, avec trois tables rondes sur les enjeux de l'interprofessionalité, les nouvelles technologies et l'international.

« Il faut être présent sur le terrain », a expliqué la présidente du REFM, une association ayant pour objectif la proximité avec les acteurs économiques, les échange entre confrères des deux rives de la Méditerranée, et le développement de la profession comptable.

Experts-comptables (EC), commissaires aux comptes (CAC), notaires, avocats et huissiers de justice étaient réunis pour débattre des problématiques qui bouleversent les mondes du chiffre et du droit.

« C'est important d'avoir un lien fort avec tous les professionnels proches de la France, notamment en Méditerranée », a souligné Charles-René Tandé, président du Conseil supérieur de l'Ordre des experts-comptables (CSOEC) qui s'est réjoui de la variété des personnalités présentes. Ce fervent défenseur de l'interprofessionnalité souhaite porter le message de la croissance des entreprises avant toute chose. Il a ainsi interpellé le député Mohamed Laqhuila, présent à la soirée, pour faire passer une loi qui rouvre le dossier de la société pluriprofessionnelle d'exercice (SPE).

Le président de la Compagnie nationale des commissaires aux comptes (CNCC), Jean Bouquot a, en effet, regretté que les CAC soient exclus de la fameuse SPE et que sa profession souffre d'un déficit d'attractivité inquiétant. Sur la transition numérique, Jean Bouquot a bien conscience que tout le monde n'a pas la même capacité à aborder la vague du digital. C'est pourquoi cette nouvelle donne « implique des investissements en outils, en moyens et en talents ».

Mohamed Laqhila, EC membre REFM et député de la 11e circonscription des Bouches-du-Rhône, a parlé de son nouveau mandat. Ce dernier siège à la commission finances de l'Assemblée avec deux autres EC. À ce titre, il préside le groupe Afrique du Sud, et est vice-président des groupes du Mali et des Seychelles « par sympathie ». Fier d'avoir « réussi à faire voter un amendement venant de l'UNAPL sur l'article 83 de la loi Madelin » sur les indépendants, le député au aussi lancé un groupe de travail sur le droit à l'erreur et la certification.

Jean-Luc Flabeau (photo ci-contre), président du syndicat ECF, a présenté « l'actualité très riche de ce monde professionnel dans cette période de mutation » en abordant le redécoupage des régions d'installation, la spécialisation, la réforme européenne de l'audit, et surtout l'éventuelle remontée des seuils d'intervention des CAC dans les PME. Philippe Bonnin de l'IFEC a partagé cette vision et la nécessaire solidarité à développer entre les professions avant de mettre en avant le rôle des syndicats.

L'interprofessionalité ne fait pas l'unanimité

Souhaitée depuis longtemps par les Pouvoirs publics, la possibilité d'exercer en SPE est ouverte réellement depuis 2014. Envisagée comme un moyen de mieux répondre à l'intérêt du client et de renforcer la compétitivité des cabinets, cette forme de société n'est pourtant pas encore utilisée. Prudents, les professionnels ne se jettent pas sur l'occasion.

Avec beaucoup d'humour, Laurent Benoudiz, président de l'ordre des EC Paris-IDF, a expliqué qu'il n'y a aucune SPE recensée aujourd'hui car le marché n'en a pas besoin : les clients ne le souhaitent pas forcément et préfèrent avoir plusieurs conseils indépendants. « Il n'y a pas de freins techniques mais des freins culturels », selon lui.

À l'inverse, l'avocat Jean-Charles Bensussan estime qu'il faut rester humble et patienter car le cadre légal fera certainement effet dans un certain temps. Le juriste appelle cependant à prendre du recul et « veiller à ne pas créer des simulacres de multiconseil ».

Beaucoup plus enthousiaste, Patrice Gras, président de l'Union nationale des huissiers de justice, s'est exclamé « nous avons tout intérêt à nous regrouper et avoir une stratégie d'offre commune ». « On doit muscler notre jeu », a-t-il conclu.

Pascal Chassaing, président de la Chambre interdépartementale des Notaires de Paris, a évoqué quant à lui le périmètre de cette notion et distinguer l'interprofessionalité capitalistique de l'interprofessionalité d'exercice « dont le périmètre sera dicté par le client ».

Laurent Benoudiz a rappelé que si, en matière de pratique, les EC travaillent en permanence avec des notaires et des avocats, ils ne sont pas encore prêts à s'associer. Ils ont toutefois réussi à organiser de grands événements ensemble, à l'instar du salon Transfair sur la transmission d'entreprise.

Etrangement, hormis les huissiers, la seule profession à être intéressée par la SPE est celle qui en est exclue. Olivier Salustro, président de la CRCC de Paris, a ainsi listé les raisons pour lesquelles les CAC devraient être acceptés dans les SPE.

Transition numérique : une opportunité business

Philippe Arraou, président d'honneur du CSOEC, a ouvert la deuxième table ronde sur les nouvelles technologies, en expliquant pourquoi il vient d'être nommé par le Gouvernement pour une mission sur l'accompagnement des TPE-PME dans la transition numérique. « Ce n'est pas par hasard que j'ai été appelé à participer. C'est la profession d'EC qui est mise à l'honneur ». Très optimiste, il estime qu'il faut utiliser à bon escient les technologies numériques qui représentent « une bonne opportunité pour la profession afin de dessiner de nouveaux modes opératoires ».

« L'IA nous donnera beaucoup plus de pertinence dans nos travaux », a expliqué Jean Bouquot, faisant l'unanimité.

L'expert en conseil informatique Gilles Nay a souligné la nécessité de se former à ces nouveaux outils, soutenu par l'EC Fabrice Heuvrard qui a soulevé le risque de multiplication des cybermenaces.

Les mécanismes à mettre en œuvre en matière de sécurité informatique ont ensuite été passés au peigne fin par l'ingénieur, expert en cryptologie Mohammed Boumediane, fondateur de la start-up Ziwit, ainsi que les problématiques de RGPD, IA, Big data, machine learning…

L'international : « le kiff »

La dernière table ronde a proposé des regards croisés sur l'international avec l'EC Habib Kefi, qui a scandé le slogan de REFM : « le lien ! »

Les intervenants ont tous mis en avant « l'enrichissement de voir ce qui se passe ailleurs », et l'importance du partage et de la confraternité. L'or de la profession est de doter les professionnels d'outils pour travailler à l'international afin de mieux accompagner les clients dans ce monde économique globalisé.

Larbi Redjimi, président de la Chambre des CAC d'Algérie, qui a organisé des conférences mixtes avec différents représentants des pays du Maghreb, a parlé de volonté politique et de moyens pour réaliser les actions. Celui-ci propose d'organiser un grand colloque pour tous les pays autour de la Méditerranée afin de rapprocher leurs modes de travail.

« Si on ne va pas vers l'international, c'est lui qui vient vers nous », a expliqué Zakaria Fahim, EC président du Hub Africa. Pour lui, les EC sont des « sortes de médecins des entreprises, mais surtout des tiers de confiance ». Ils ont donc un rôle très important pour les entreprises qui grandissent à l'international et ont besoin de beaucoup de préparation, ce pourquoi il a mis en place une plateforme pour les investisseurs et les entrepreneurs en Afrique.

« L'international, c'est le kiff de l'entrepreneur », a conclu Pedro Novo, directeur financements exports de la BpiFrance, en vantant les mérites des chefs d'entreprise qui se lancent à l'international et tous les dispositifs d'aide que propose la BPI pour cela. Après une keynote originale sur l'optimisme, donnée par Jean-Luc Hudry de la Ligue des optimistes de France, les participants ont pu échanger autour d'un cocktail.

Source de l'article Affiches Parisiennes

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