Le Port-Cente, cet autre mégaprojet : Un hub maritime en Méditerranée

Le port sera construit en eau profonde

Il faut savoir que la construction d'un tel projet ne peut se faire qu'en trois étapes, la première dont la durée sera de quatre ans devant permettre la réalisation de sept quais pour les porte-containers et de six autres pour les cargos et les vraquiers.

A l'instar de l'autoroute Est-Ouest, le projet du port-centre peut être considéré comme un des grands chantiers portés par le dernier plan de développement 2010-2014 même si des retards aux causes multiples ont entravé le lancement de sa réalisation. 
Ce grand port situé au centre de l'Algérie, d'où son appellation, sera construit en eaux profondes de manière à abriter des bateaux de gros tonnage, chose dont le pays est encore dépourvu, devrait entrer en exploitation en 2021, du moins si l'on en croit les prévisions initiales formulées par le maître d'ouvrage, à savoir le ministère des Travaux publics et des Transports. 
Implanté à Cherchell, soit à moins de 100 km à l'ouest de la capitale, il offrira, à la fin des travaux prévue en 2024, pas moins de 11 quais pour porte-containers et 12 quais pour les cargos. Les études techniques ayant été livrées fin 2016 et validées par le ministère de tutelle début 2017, il appartient au groupe des Services portuaires (Serport), dernièrement créé pour une spécialisation accrue qui concerne en outre les autres modes de transport terrestre (grandes lignes, transport ferroviaire) et urbain (transport public, guidé et gares routières) d'engager le plus rapidement possible les travaux pour être au rendez-vous de 2021. 
Lors d'une réunion tenue avec les deux groupes concernés, le ministre Abdelghani Zalane n'a pas manqué de mettre l'accent sur l'impérieuse nécessité de respecter les délais et de commencer sine die les travaux, programmant même des visites d'inspection sur site. Le groupement constitué par des entreprises algériennes relevant du groupe Serport et chinoises (China state construction corporation) et Chec (China harbour engineering company) est en charge de la réalisation de ce port, pour un montant global de 3,3 milliards de dollars que ce joint-venture se partagera sur la base des 51/49%. Le financement du projet est assuré par la Chine à travers des crédits à long terme.
Il faut savoir que la construction d'un tel projet ne peut se faire qu'en trois étapes, la première dont la durée sera de quatre ans devant permettre la réalisation de sept quais pour les porte-containers et de six autres pour les cargos et les vraquiers. A cela doit s'ajouter tout un ensemble de structures de défense et de protection du site (digues, brise-lames etc). Une seconde étape est nécessaire pour construire les quatre terminaux à containers et les quatre quais restants pour les cargos. Elle devra durer également quatre ans. Mais dès la réception des premiers ouvrages en 2021, le maître d'ouvrage délégué, Serport, est tenu d'engager l'exploitation des infrastructures dans le but évident d'accélérer un retour sur investissements.
Enfin, la troisième et dernière étape ne durera en principe qu'une année au terme de laquelle seront livrés deux quais de marchandises et de zones logistiques ainsi qu'un certain nombre d'infrastructures de services.
Au terme de ces sept ans de travaux, le projet de port-centre sera entièrement finalisé et livré en 2024. Son rôle sera alors d'assurer le transbordement à grande échelle des marchandises acheminées par des navires de gros tonnages, jusque-là effectué dans des ports européens comme celui de Valence (Espagne) ou de Malte, pour les besoins du marché algérien et de ceux de l'Afrique subsaharienne, le Mali, le Niger et le Burkina Faso pour être précis. 
L'activité de transbordement pourrait constituer 70% des prestations du grand port-centre, une fois que celui-ci sera totalement opérationnel et sa gestion confiée à un prestataire dont l'offre aura été la mieux-disante. La majorité des Algériens ignore que le pays ne dispose pas à ce jour d'un port en eaux profondes, capable d'accueillir des navires de gros tonnage (porteurs de grands containers) et que ses importations lourdes doivent transiter par les ports espagnol et maltais, déjà évoqués, avant leur transbordement à destination du pays, avec les surcoûts qu'on imagine. 
Ajouté au problème de l'effritement catastrophique de la flotte marchande durant la décennie noire, ce handicap pèse lourdement sur les paramètres de l'économie nationale et rend à la fois urgente et cruciale la réalisation d'un tel port même si d'aucuns agitent, depuis quelque temps, le chiffon rouge de l'environnement en péril afin d'entraver le cours du chantier à ce jour virtuel. Déjà retardé durant les élections législatives, malgré le fait que les négociations algéro-chinoises ont abouti au mieux, sur la base de conditions de financement mutuellement satisfaisantes, le projet a bénéficié d'une superficie de 749 hectares répartis entre les territoires des wilayas de Tipasa et Blida dont 464 ha seront réservés au port lui-même, en fin de compte doté d'un tirant d'eau de 20 m. 
Quant au débat autour de l'impact de ce mégaprojet sur l'écosystème de la région, il faut comprendre qu'il sera minime tant sur la faune et la flore que sur le patrimoine archéologique par rapport aux retombées économiques. Le port-centre va permettre de connecter l'Algérie au reste du continent africain, à l'Amérique et à l'Asie du sud-est, entre autres, propulsant le trafic maritime à des niveaux jamais égalés. Il deviendra ainsi un hub en zone méditerranéenne capable de concurrencer les sites dont l'économie algérienne est encore tributaire aujourd'hui.

Par Chaabane Bensci - Source de l'article Lexpressiondz

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