A Malte l'ARLEM présente un Front commun pour stabiliser l'espace méditerranéen ­


Les dirigeants locaux et régionaux de divers pays méditerranéens et de l'Union européenne ont exhorté les gouvernements nationaux et la communauté internationale à collaborer plus étroitement avec les maires et les gouverneurs pour contribuer à stabiliser la situation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

Les conflits en Libye et les défis posés par la migration et le changement climatique sont des sources d'inquiétude majeures pour les maires, les gouverneurs et les représentants régionaux de l'Assemblée régionale et locale euro-méditerranéenne (ARLEM), qui s'est réunie à Malte le 23 février.

Lors de leur principale réunion de l'année, les membres de l'ARLEM, issus du Comité européen des régions (CdR) et d'États méditerranéens non membres de l'UE, ont souligné la récente coopération avec des villes libyennes comme preuve que, même dans des conditions difficiles, les villes peuvent établir des partenariats qui contribuent à la stabilisation. Dans une résolution sur la Syrie, ils ont également déclaré «qu'ils étaient disposés à soutenir le peuple syrien dans ses efforts pour mettre un terme à la guerre civile et lutter contre l'extrémisme et la radicalisation», en faisant remarquer que «cette aide est déployée en premier lieu dans les villes voisines qui accueillent des réfugiés et qui font face à l'urgence humanitaire».

Markku Markkula, coprésident de l'ARLEM et président du CdR, a affirmé: «Nous ne pouvons véritablement garantir la sécurité et la prospérité de l'Europe si son voisinage est instable. L'initiative de Nicosie, qui permet aux partenaires européens et méditerranéens de partager leur savoir-faire et d'apporter un soutien pratique aux autorités libyennes, n'est qu'un exemple de la manière dont les autorités locales et régionales peuvent avoir une réelle valeur ajoutée, au moyen d'outils tels que la diplomatie des villes et la coopération décentralisée. Seule la collaboration sur le terrain permettra à l'UE de trouver des solutions durables à la crise migratoire, à la traite des êtres humains, aux guerres et à la menace terroriste.»

Hani Abdalmasih Al-Hayek, coprésident de l'ARLEM et maire de Beit Sahour en Palestine, a déclaré au nom des membres de l'ARLEM ne faisant pas partie de l'UE: «Les administrateurs locaux fourniront bon nombre des services de base qui permettront de régénérer les villes en Libye, mais aussi en Syrie, sur le plan social et économique. Il nous incombe de les aider dans la mesure de nos possibilités. Nous avons également le devoir de nous attaquer à d'autres menaces pour la stabilité et la sécurité de la région méditerranéenne, tel que le changement climatique.»

Carmelo Abela, ministre de l'intérieur et de la sécurité nationale de Malte, État qui assure actuellement la présidence du Conseil de l'Union européenne, a affirmé: «Ce n'est que lorsque nous aurons mis en place un système de gestion de la migration régi par les autorités plutôt que par les trafiquants de migrants, que nous serons en mesure de dire que nous abordons la question de la migration efficacement». Il a également ajouté: «L'Union européenne est résolue à s'attaquer aux causes profondes de la migration avec les pays d'origine et de transit partenaires. Dans un contexte européen, Malte a toujours défendu cette position et elle demeure une priorité pour notre pays, que ce soit en tant qu'État membre de l'UE ou en tant que présidence actuelle du Conseil européen. Notre coopération transcontinentale devrait être aussi complète que possible, incluant et accordant une importance égale aux cinq domaines prioritaires convenus dans le Plan d'action commun de la Valette.»

Les collectivités locales syriennes n'étaient pas représentées à la réunion de l'ARLEM, mais une délégation libyenne - menée par Abdelrauf Beitelmal, maire de Tripoli, et Mustafa al-Baroni, maire de Zintan, et composée de représentants de Benghazi, Sebha, Syrte et Tobrouk - s'est exprimée lors de la session plénière de l'ARLEM ainsi qu'à la conférence du 22 février consacrée à la migration.

M. Beitelmal a déclaré: «Les dirigeants locaux sont parvenus à maintenir un niveau de stabilité élevé dans de nombreuses régions libyennes au cours des cinq dernières années, mais notre capacité à fournir des services s'est amoindrie. En janvier 2016, nous avons demandé aux membres de l'ARLEM de nous apporter de l'aide dans six domaines, allant de la formation en gestion financière à la gestion de l'eau. Des régions telles que la Flandre et la Murcie, et des villes comme Anvers, Malines, Nicosie et Vila Real de Santo Antonio, ont répondu à notre appel et se sont engagées à apporter davantage de soutien. Nous espérons que l'Union européenne et la communauté internationale prendront note de cette réussite et favoriseront une coopération à long terme. Nous avons tous besoin d'une Libye opérationnelle et stable.»

La migration en provenance de Libye a été l'un des thèmes centraux de la conférence sur la migration et de la session plénière. Parmi les intervenants figuraient: Bettina Muscheidt, chef de la délégation de l'UE en Libye; José Carreira, directeur exécutif du bureau européen d'appui en matière d'asile; Vincenzo Bianco (Italie/PSE), rapporteur du CdR sur l'asile et maire de Catane - un port qui a accueilli des milliers de migrants secourus en Méditerranée au cours des dernières années; et Peter Bossman (Slovénie/PSE), rapporteur du CdR sur les partenariats de l'UE en matière de migration.

Au cours de la réunion, l'ARLEM a adopté des recommandations sur les politiques énergétique et climatique - élaborées par Mohamed Sadiki, maire de Rabat, ainsi que sur la coopération transfrontalière dans la région méditerranéenne - élaborées par Francesco Pigliaru, président de la région de Sardaigne. Le Maroc mène une politique de transition énergétique ambitieuse depuis près de dix ans. La Sardaigne est le siège de l'autorité de gestion d'un programme de coopération transfrontière mis en place sous l'instrument européen de voisinage.

Parmi les autres décisions prises à Malte, l'ARLEM a accepté d'envoyer des membres en Tunisie en qualité d'observateurs des élections locales qui auront lieu cette année, dans le cadre d'une mission organisée par le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l'Europe.

Notes à l'attention des journalistes

. Depuis 2015, le Comité européen des régions entretient des relations étroites avec des villes libyennes, dans le but d'améliorer les services publics en Libye et d'aider ses villes à intégrer la communauté internationale. En janvier 2016, à la demande des villes libyennes, le CdR a convenu de mettre sur pied et de faciliter des partenariats entre la Libye et les villes et régions de l'UE. Dans le cadre de l'initiative de Nicosie, dont l'idée a été approuvée dans la capitale chypriote, les villes et les régions de l'UE ont jusqu'à présent fourni ou promis de fournir une aide aux autorités locales libyennes dans les domaines de la gestion de l'eau, de la gestion des déchets, des soins de santé primaires, de l'administration publique, de la formation linguistique, de la budgétisation, de la pêche, de la police et de la lutte contre la radicalisation.

. Dans un rapport sur «L'énergie et le changement climatique en région méditerranéenne», élaboré par le maire de Rabat, Mohamed Sadiki, l'ARLEM exhorte tous les pays méditerranéens à abandonner les combustibles fossiles, et invite les États membres de l'UE à aller «au-delà» de la politique de voisinage en aidant la région à prendre des mesures liées au climat. Elle demande aux décideurs politiques de tous les échelons de tenir compte de la question climatique dans l'ensemble des politiques et presse les diplomates à se consacrer davantage au «dialogue régional» dans le but d'établir un «cadre de coopération solide en matière de climat pour la Méditerranée». En même temps, l'ARLEM fait valoir que dans le secteur de l'énergie, l'UE devrait cesser «les négociations politiques entre régions entières» et adopter une approche bilatérale. Elle conseille notamment aux collectivités locales et régionales d'adhérer à la Convention mondiale des maires, une approche ascendante de l'action pour le climat au titre de laquelle les communautés prennent des engagements ambitieux en échange d'un soutien technique et d'un accès facilité aux financements.

. Comme l'indique un rapport élaboré par Francesco Pigliaru, président de la région de Sardaigne, les programmes de coopération transfrontalière dans la région méditerranéenne de l'Union européenne ont bénéficié à des régions situées aussi bien au sein qu'en dehors de l'UE. Le rapport recommande néanmoins une démarche «prudente et progressive» pour le développement d'une coopération transfrontière dans la région méditerranéenne en raison des différences politiques, économiques et administratives, ainsi que d'une instabilité permanente. Il souligne que si les programmes transfrontaliers sont populaires auprès des collectivités locales et régionales, les différences de capacité administrative ont une incidence sur l'adhésion des collectivités du sud de la région méditerranéenne, ce qui peut expliquer que les collectivités locales soient rarement des partenaires de premier plan. Il préconise davantage d'efforts pour augmenter leur capacité institutionnelle et accroître leur rôle dans le développement des programmes.

Contact: 
Andrew Gardner 
Tél. +32 473843981 

Source de l'article Newspress

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