La transition tunisienne mise en débat

À l’occasion de la présentation de l’Annuaire méditerranéen 2015 de l’IEMed, l’institut a accueilli un débat sur les défis liés à la transition démocratique en Tunisie, débat auquel ont participé trois des auteurs de la nouvelle publication : Ahmed Ounaïes (ancien ministre tunisien des Affaires étrangères), Marc Pierini (Carnegie Europe) et Khadija Mohsen Finan (Université Paris 1)


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À l’ouverture du débat, Senén Florensa, président de l’IEMed, a expliqué que l’IEMed « a tenté d’accompagner la transition tunisienne parce que nous croyons que le résultat final de cette transition est susceptible de marquer un tournant dans l’avenir du monde arabe ».

Le succès de la base démocratique tunisienne

Pour le diplomate tunisien Ahmed Ounaïes, la révolution de 2011 contre le régime de Ben Ali suppose le triomphe d’une base sociale démocratique organisée qui a toujours existé malgré la répression. L’ancien ministre tunisien des Affaires étrangères a comparé l’énorme sympathie dont la communauté internationale a fait preuve envers la révolution tunisienne à l’isolement dans lequel la Tunisie est plongée par rapport au reste de la région, ceci précisément en raison de sa transition démocratique.

Pour le diplomate, la Tunisie a réussi en quatre ans à créer un État inclusif, démocratique et fondé sur le dialogue et l’engagement. Quatre sont les facteurs qu’il considère comme distinguant ce processus : la conciliation des droits universels et de la foi islamique, l’admission des élections en tant qu’arbitrageultime du pouvoir politique, la participation du parti islamique Ennahda à toutes les élections et à toutes les coalitions gouvernementales depuis 2011et, finalement, l’absence de dogmatisme et la maturité politique du pays.

La Tunisie, triomphe du Processus de Barcelone

La démocratie tunisienne est un triomphe qui,dans une certaine mesure, récompense les efforts déployés par le Processus de Barcelone afin de renforcer la société civile méditerranéenne, car c’est dans une société civile marquée par « le sens du dialogue et de l’engagement et qui a su résister à la dictature » qu’il faut chercher les clefs du succès tunisien. Tels sont les propos de l’ancien délégué de l’UE en Tunisie, Marc Pierini, qui a souligné que l’esprit de dialogue et de collaboration a rendu possible, dès début 2015,la formation d’un gouvernement de coalition dirigé par les libéraux, vainqueurs des élections, mais qui inclue les islamistes d’Ennahda.

Le symbolisme du Prix Nobel de la Paix

Le Prix Nobel de la Paix qu’a reçu le peuple tunisienpar l’intermédiaire des quatre organisateurs du « Dialogue national »est une distinction symbolique à plus d’un titre selon Khadija Mohsen-Finan, professeure de l’Université Paris-1. Il démontreque le « changement est possible dans le monde arabe », les Tunisiens ayant trouvé une voie de sortie de la crise de l’été 2013 et esquivé une guerre civile. De plus, c’est une reconnaissance à la société civile, qui s’est avérée décisive avant, durant et après la révolution. Mohsen-Finan considère que la société est passée de l’état « d’acteur-contestataire » durant les révoltes à celui d’« acteur citoyen et contrôleur du pouvoir » durant les transitions.


Source de l'article IEMed

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