Quel serait l'effet d'un tsunami en mer Méditerranée ?

Le risque de tsunami n'est pas propre à l'océan pacifique : la mer Méditerranée qui borde des zones densément peuplées est également menacée par un risque important de tsunami comme en témoigne son histoire tragique. 

plage Crete

C'est pourquoi, une équipe de chercheurs a développé un modèle pour simuler l'impact de tsunamis générés par des tremblements de terre dans l'est de la mer Méditerranée. Ces premiers résultats mériteraient d'être élargis à l'ensemble des littoraux de la région, bien mal préparés face à ce risque majeur. 

Avec le déplacement des plaques tectoniques, des zones de tension se développent, la pression s'accumule et finit par céder sous la forme de tremblements de terre. Certains séismes qui surviennent en mer peuvent engendrer des tsunamis parfois dévastateurs comme en témoignent les tsunamis du 26 décembre 2004 en Indonésie et celui qui a frappé le Japon en mars 2011. 
Ces tsunamis se caractérisent par une vague importante qui dégage une énergie colossale : elle ravage alors les littoraux, pénétrant à l'intérieur des terres sur des kilomètres en fonction de la topographie. 

La Méditerranée, fortement peuplée, est également une région à risque pour les tsunamis. 
Depuis le début du XXème siècle, une centaine de tsunamis ont été observés en Méditerranée et dans les mers qui y sont reliées (Mer de Marmara et Mer noire), soit 10 % du total des tsunamis observés sur la planète. En moyenne, un grand tsunami s'y produit environ toutes les 100 ans, principalement à cause des secousses sismiques générées par le glissement de la plaque africaine sous la plaque eurasienne. Or l'enjeu est très fort : plus de 130 millions de personnes vivent sur les côtes. De plus, la vague qui serait générée par un tsunami toucherait rapidement les littoraux vu que la largeur de la mer Méditerranée est relativement faible, ce qui laisserait donc peu de temps pour lancer l'alerte et évacuer les populations. 

Pour mieux évaluer l'ampleur du risque, une nouvelle étude, dirigée par Achilleas Samaras, un chercheur grec travaillant à l'université de Bologne (Italie), a modélisé les conséquences d'un tsunami en Méditerranée orientale sur les côtes sud de l'Italie et de la Grêce. Ce programme informatique a pris en compte la profondeur des fonds marins, le trait de côte et la topographie littorale : "Nous simulons la génération de tsunami via les déplacements sismiques soit au fond de la mer ou en surface," explique Samaras. "Le modèle simule ensuite comment ces perturbations - les vagues du tsunami - se propagent et se transforment lorsqu'ils atteignent le littoral et inondent les régions côtières." Les scientifiques ont exploité des simulations informatiques avec des tremblements de terre de magnitude 7 qui surviendraient, l'un au large des côtes de la Sicile et l'autre au large des côtes de la Crète. 

tsunami sicile
Simulation d'un tsunami en Sicile © Samaras et al., Ocean Science, 2015
Leurs résultats ont montré que ces deux tsunamis inonderaient toutes les régions situées à moins de 5 mètres au-dessus du niveau de la mer. Ainsi, même dans le cas de la Crète, une île dont le point culimant se trouve tout de même à 2 456 m, 3,5 kilomètres carrés seraient entièrement submergés. On pourrait douter de la survenue d'un séisme aussi puissant dans la région méditerranéenne. Et pourtant, l'histoire montre que de tels évènements ont déjà eu lieu. En 365 après JC, un séisme de magnitude 8 à 8,5 a touché la Crète. Conséquence : un important tsunami détruisit plusieurs cités antiques en Grèce, Italie et Egypte, tuant au moins 5 000 personnes rien qu'à Alexandrie. Plus proche de nous, un séisme de magnitude 7 a frappé la région de Messine en Italie fin 1908, générant un tsunami avec des vagues de plus de 10 mètres et tuant entre 75 000 et 200 000 personnes.  
Samaras et son équipe espèrent que leur étude pourra être exploitée par les gouvernements locaux et les personnes vivant le long de la côte méditerranéenne afin de se préparer face à un risque potentiellement très lourd. Rappelons que le délai incompressible entre le déclenchement d'un événement sismique potentiellement tsunamigène et le lancement de l'alerte est de 15 minutes. En deçà, seule une bonne préparation de la population est efficace, qui sait qu'après un fort tremblement de terre elle doit quitter la côte et se réfugier sur les hauteurs. 

Le risque tsunami pour les côtes françaises 

 "La menace pour les côtes françaises vient principalement de la sismicité le long des côtes algériennes où les vagues du tsunami arrivent sur les côtes françaises avec un délais de 1 h à 2 h par rapport au déclenchement du séisme. L'autre menace est associée à la sismicité de la mer Ligure où dans ce cas les côtes françaises sont en situation de champ proche avec une possibilité d'arrivée des vagues en moins de 10 minutes" (CENALT). 

C'est dans ce cadre que la France s'est dotée depuis 2012 du CENALT, le CENtre d'Alerte aux Tsunamis dont la mission est de surveiller les forts séismes et les tsunamis survenant en Méditerranée occidentale et dans l'Atlantique nord-est puis d'alerter la sécurité civile en cas de risque de tsunami. 



Référence Samaras, A. G., Karambas, Th. V., and Archetti, R.: Simulation of tsunami generation, propagation and coastal inundation in the Eastern Mediterranean, Ocean Sci., 11, 643-655, doi:10.5194/os-11-643-2015, 2015. 

Par Christophe Magdelaine - Source de l'article Notre planete


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