La concurrence fait rage sur les marchés agricoles du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord

L’Union européenne et les Etats-Unis, bien installés à l'export de produits agricoles vers le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, s'efforcent de suivre la croissance de la demande. Mais l'Europe de l'Est, l'Asie et l'Amérique Latine comptent bien se tailler une part de ce marché porté par la croissance démographique et la hausse des revenus.

Avec plus de 500 millions d’habitants, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord constituent un marché de choix pour les exportateurs de produits agricoles et alimentaires. Leur population a augmenté en moyenne de 2,1% par an entre 2004 et 2013, bien plus vite que la moyenne mondiale de 1,2% par an. A 73% urbanisée, la population de la région a également vu son revenu moyen croître de 2,6% par an au cours de la décennie écoulée.

Bien que figurant parmi les premiers agriculteurs de l’histoire, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord ne produisent pas assez de nourriture pour nourrir leur population en forte croissance. L’agriculture représente aujourd’hui 15% des importations de la région, un chiffre qui tombe à 3% à l’exportation. Les achats de blé, de maïs, de soja et de riz devraient encore s’apprécier de manière significative au cours des dix prochaines années, constate le département américain de l’Agriculture (USDA) dans le graphique ci-dessous.



L’Union eurpèenne mise sur les céréales, les Etats Unis sur la volaille

L’Union européenne apparaît comme déjà bien positionnée sur ce marché : elle fournit 7,8% des importations agricoles en volume du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, devant les Etats-Unis (6,1%). D’après l’office statistique Eurostat, l’Union européenne, devenue le premier exportateur mondial de blé tendre au cours de la campagne 2014-15, en a notamment exporté 5532 tonnes en Algérie, 4322 tonnes en Egypte, 2687 tonnes au Maroc, 2546 tonnes en Arabie Saoudite ou bien encore 2531 tonnes en Iran. L’Algérie, l’Egypte, le Maroc et l’Arabie Saoudite figurent par ailleurs parmi les premiers acheteurs de blé français.

Sur ce marché, les Etats-Unis exportent quant à eux essentiellement des noix, des céréales, des aliments pour animaux ainsi que des produits horticoles, principalement à destination de l’Egypte, de la Turquie, de l'Arabie saoudite, d’Israël, du Maroc et de la Tunisie. Les entreprises américaines comptent également suivre l’évolution du marché de la volaille (voir graphique ci-dessous) : leurs exportations de ce type de produits en direction du Moyen-Orient et de l’Arabie saoudite ont plus que doublé lors des 10 dernières années. La part de marché des Etats-Unis en la matière (15%) stagne en revanche sous l’effet du développement commercial d’autres pays, à commencer par le Brésil.



Des besoins liés à des conditions difficiles de production

Le positionnement de ces puissances agricoles sur ces produits emblématiques n’est pas le fruit du hasard. Le rendement du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord n’atteint que 1,7 tonne de céréales par hectare, contre 3,7 tonnes en moyenne dans le monde, d’après les chiffres de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Les conditions climatiques et les caractéristiques des sols pénalisent notamment la production. L’extrême variabilité de la pluviométrie joue, par exemple, un rôle clef : ainsi, au Maroc, les rendements moyens du blé sont d'environ 1,5 tonne par hectare depuis 2000, mais peuvent varier, selon les années, du simple au double en fonction du niveau de précipitations !

La consommation de blé de la région Moyen-Orient-Afrique du Nord dépasse régulièrement la production de plus de 80% en volume. Représentant environ 35% de l’apport calorique pour chaque habitant, la céréale constitue un enjeu stratégique dans la région. Certains pays subventionnent le pain, à l’instar de l’Egypte, qui a récemment réformé son système au moyen de cartes à puce (pour les consommateurs) et d’une nouvelle politique d’aides à l’achat de la farine par les boulangers, celles-ci étant désormais payées a posteriori. Quant au riz, la région en a consommé 13 millions de tonnes chaque année entre 2011 et 2013, dont environ 7 millions de tonnes issues de l’importation.

Dans ce contexte, l’Amérique du Sud, l’Europe de l’Est et l’Asie lorgnent ce marché, et cherchent elles aussi à y étendre leur influence commerciale.

Par Franck Stassi - Source de l'article l'Usine Nouvelle

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