Alstom ouvre une usine en Algérie

C'est une première pour Alstom Transport. Confronté à un marché européen difficile, le groupe tricolore se tourne vers le sud et a inauguré, mardi 12 mai, une nouvelle usine à Annaba, à l'est de l'Algérie.

Résultat de recherche d'images pour "Alstom ouvre une usine en Algérie"Preuve de l'importance de l'événement, pas moins de quatre ministres français et algériens étaient présents, dont Laurent Fabius, le ministre des affaires étrangères, pour admirer le hangar flambant neuf où ont commencé à être assemblées des rames de tramway Citadis, l'un des modèles phare du groupe.

Détenue par Cital, une coentreprise créée en 2011 par Alstom (49% des parts) et par les sociétés algériennes Ferrovial (41%) et Entreprise du métro d'Alger (10%), l'usine affiche une capacité d’assemblage de 5 rames de tramway par mois. « Les cadences devraient augmenter dans les prochaines années », assure Henri Poupart-Lafarge, président d'Alstom Transport.

L'usine dispose d'un carnet de commandes de 213 rames de tramway, pour un montant estimé à 700 millions d'euros, à livrer d’ici 2019. Depuis le début des années 2010, l’Algérie s’est lancée, grâce à la manne financière du gaz, dans un impressionnant programme de développement de transport collectif. Quelque 30,3 milliards d'euros ont été mobilisés pour lancer des lignes de métro et de tramway. A moyen terme, le pays devrait être doté d'une vingtaine de lignes dans une dizaine de villes algériennes, comme Mostaganem ou Sidi Bel Abbes. Pour le moment, seules Constantine, Alger et Oran ont inauguré leurs premières lignes de tramway.

« Cette usine est le symbole du partenariat "gagnant-gagnant" que nous voulons établir avec l'Algérie, s'est réjoui M. Fabius. La base du tram est fabriquée en France, où cela contribue à l'emploi, et l'assemblage est fait sur place, où cela génère aussi de l'activité. »

Le site Alstom d'Annaba n'emploie pour le moment que 80 personnes mais les effectifs devraient à terme dépasser 400 salariés, sans compte les sous-traitants. En 2014, l'Algérie a importé plus de 180 millions de dollars (160 millions d'euros) de matériel ferroviaire depuis la France.

L'investissement reste néanmoins modeste : 25 millions d'euros ont été dépensés par Cital pour bâtir et équiper le bâtiment de 12 000 mètres carrés. De même, seule la partie finale de l'assemblage des trams Citadis à destination de l'Algérie y est pour le moment effectuée, un peu à l’image de la nouvelle usine Renault, installée à Oran, qui assemble pour l’instant simplement des éléments importés.

« Environ 15% de la valeur ajoutée est réalisée sur place mais ce chiffre devrait monter à 30% à terme », assure M. Poupart-Lafarge. La quasi totalité des pièces viennent de France, le réseau local de sous-traitants étant pour le moment embryonnaire.Mais le groupe tricolore affiche de l'ambition pour ce site.

A terme, Alstom espère en faire « une plate-forme pour exporter au Maghreb et en Afrique », selon un responsable français. Pour cela, l’entreprise tricolore se dit prête à créer un « cluster ferroviaire » à Annaba, à même d'attirer différentes entreprises du secteur. Des discussions ont déjà été engagées pour produire sur place des rails d'autorail.

Reste que l’Algérie ne s’est pas seulement tournée vers la France pour équiper ses transports collectifs. Son métro provient de l’espagnol Thalgo. Certains des trains qui circulent dans la banlieue algérienne sont produits par le Suisse Stadler, tandis que Siemens travaille également dans le pays...

Pour ce qui est d’Alstom, pas question de parler de délocalisation, au moment où les syndicats du groupe craignent la suppression de plusieurs centaines d'emplois dans l'usine de Belfort (Territoire de Belfort), qui produit actuellement essentiellement des locomotives de fret ou des TGV. « C'est au contraire une très bonne formule, estime M. Fabius. Il y a de la création de valeur partagée entre nos deux pays et la perspective de développement de nouveaux marchés. Les coûts de l'usine étant moindres, cela va permettre d'être compétitif ailleurs en Afrique. »

Par Cédric Pietralunga - Source de l'article Le Monde


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