La nouvelle politique européenne de voisinage, une opportunité pour relancer les relations entre le Maroc et l’Union européenne

L’Union européenne vient de lancer une consultation sur l'avenir de la Politique européenne de voisinage (PEV), dix ans après sa mise en œuvre. L’objectif est de faire le bilan des réalisations de cette politique et de renouveler ses ambitions, avec comme maitre mot «la différenciation». 

En effet, tous les pays partenaires n’avancent pas à la même vitesse et n’ont pas les mêmes opportunités et contraintes. Dans ce changement qui se prépare, le Maroc est concerné au premier chef.

Résultat de recherche d'images pour "Maroc et l’Union européenne"Compte tenu des changements importants qu'ont connus les pays du voisinage depuis 2011, l’UE estime qu’il est à présent essentiel de procéder à un réexamen approfondi des principes sur lesquels repose la PEV, ainsi que de sa portée et de la manière dont ses instruments sont utilisés. Le but est de mener des consultations aussi larges que possible, tant auprès des partenaires dans les pays voisins qu'auprès des parties concernées dans l’ensemble de l’UE, et ce jusqu'à la fin du mois de juin. Après cette consultation, une communication contenant des propositions relatives à l'orientation future de la PEV sera présentée à l’automne. Dès lors une question se pose. Avec le réexamen de la Politique européenne du voisinage, peut-on s’attendre à une remise en question des acquis du Maroc dans ses relations avec l’UE ? La réponse de Rupert Joy, ambassadeur, chef de la Délégation de l'Union européenne au Maroc, est sans ambages.

«Certainement pas. Au contraire, la révision de la Politique européenne de voisinage vise à rendre cette politique plus efficace, plus attractive, plus réactive, pour mieux répondre aux aspirations des partenaires». Le diplomate européen ajoute même que dans plusieurs domaines le Maroc et l’UE ont décidé de renforcer leur coopération et le travail a bien progressé, et «cela ne sera pas remis en question». «Nous aspirons toujours à conclure un Accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) pour une participation du Maroc au marché intérieur de l’UE. Nous souhaitons plus que jamais travailler ensemble sur la migration, dans la mesure où la politique migratoire du Maroc, déjà appuyée financièrement par l’UE, s’inscrit bien dans les objectifs du partenariat pour la mobilité entre le Maroc et l’UE. Notre protocole de pêche se déroule bien et offre des avantages mutuels. Enfin, grâce à notre vaste programme de coopération financière, le Maroc et l’UE peuvent continuer à promouvoir des initiatives qui aident le Maroc à atteindre ses objectifs de réforme.»

La préoccupation de l’UE, selon M. Joy, est plutôt la suivante : que pouvons-nous faire pour aller vers plus de différenciation dans notre manière de travailler avec nos partenaires ? Autrement dit, si le Maroc souhaite aller plus loin dans le rapprochement avec l’UE ou souhaite inclure de nouveaux domaines dans notre partenariat, nous devrions pouvoir répondre favorablement. Rappelons par ailleurs que la consultation sur l'avenir de la politique européenne de voisinage porte sur cinq domaines. Il s'agit du commerce et du développement économique, de la connectivité, de la sécurité, de la gouvernance et de la migration-mobilité. 

Questions à Rupert Joy, ambassadeur, chef de la Délégation de l'Union européenne au Maroc
«Notre objectif est d’être plus flexible pour accompagner chaque pays en fonction de ses contraintes et de ses ambitions»

Avec le réexamen de la Politique européenne du voisinage (PEV), peut-on s’attendre à une remise en question des acquis du Maroc dans ses relations avec l’UE ?
Certainement pas. Au contraire, la révision de la Politique européenne de voisinage vise à rendre cette politique plus efficace, plus attractive, plus réactive, pour mieux répondre aux aspirations des partenaires. Dans plusieurs domaines, le Maroc et l’UE ont décidé de renforcer leur coopération et le travail a bien progressé, cela ne sera pas remis en question.

Le réexamen a été dicté par des changements géostratégiques dans la région, où le Maroc fait exception. Comment l’UE peut-elle mettre à profit la PEV pour encourager et promouvoir le modèle marocain ?
Je précise que cette décision d’une rénovation trouve différentes motivations. Certes, les mutations politiques à l’Est comme au Sud appellent une réflexion sur la capacité de l’UE à mieux réagir aux conjonctures fluctuantes et aux crises. Mais après environ 10 ans de mise en œuvre, il est également normal de faire le bilan des réalisations et de donner une ambition renouvelée à cette politique. Encore une fois, l’un de nos objectifs principaux est d’assurer une plus grande différenciation. 
Dans ce contexte, ce qui est ou sera pertinent pour le Maroc pourrait ne pas l’être pour un autre partenaire. Chaque pays a ses aspirations, mais aussi ses contraintes. Il est vrai que le Maroc a joué, nous l’avons souvent souligné, un rôle pionnier dans cette région. Le Maroc a osé entrer dans de nouveaux champs de coopération. Lorsque nous aurons progressé dans des accords innovants comme l’ALECA ou lorsque nous aurons instauré des liens plus étroits dans le domaine de la mobilité, il est probable que cela inspire certains pays qui se sont engagés dans ces mêmes secteurs plus tardivement. Nous devons donc continuer à marquer des progrès dans ces chantiers en cours. En ce qui concerne les réformes et les aspirations démocratiques, le paysage régional est très changeant. Notre second objectif est donc d’être plus flexible pour accompagner chaque pays en fonction de ses contraintes et de ses ambitions.

Comment le réexamen sera-t-il opéré dans le cas du Maroc et avec quels acteurs les consultations seront-elles lancées ?
Plutôt que mener des consultations par pays avec certains acteurs, nous avons décidé d’ouvrir la possibilité à l’ensemble des sociétés des pays du voisinage de soumettre des suggestions. Chaque individu, organisation, parti ou association peut adresser ses idées à une simple adresse e-mail : Near-Neighbourhood-Consultations@ec.europa.eu. Le ministre des Affaires étrangères m’a exprimé son souhait de procéder en parallèle à un large processus de consultation national, inclusif. C’est une excellente idée, car cela favorisera le débat entre les différents acteurs du pays sur l’avenir de notre partenariat. 

Propos recueillis pas A.L- Source de l'article Le Matin

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