Afrique du Nord-Moyen-Orient : la croissance va s’accélérer pour s’élever à 3,2 % en 2015 (Coface)

Après les troubles sociaux et politiques connus sous le nom de « printemps arabe », la région Afrique du Nord-Moyen-Orient (Mena) semble repartir du bon pied. Après le Qatar, qui va culminer en 2015 avec une croissance économique de 6,7 %, ce sont deux nations du Maghreb, le Maroc et la Tunisie, qui afficheront les meilleures performances, + 4,2 % et + 3,9 % respectivement.

Ces deux États vont bénéficier de la reprise économique en Europe, selon Seltem Lyigun (notre photo), économiste de Coface, auteur d’un panorama de la zone Mena, paru en janvier. En outre, leurs croissances dépasseront la moyenne régionale, qui affichera, elle aussi, une hausse par rapport à l’an dernier, avec + 3,2 %, au lieu de + 2,6 %.

Le Maroc, qui bénéficie du soutien des nations du Golfe, et la Tunisie vont bénéficier maintenant du retournement des cours des matières premières, dont ils sont importateurs. Au demeurant, Rabat et Tunis ont entrepris des réformes majeures : élimination des subventions aux carburants au Maroc, à l’énergie en Tunisie, où, également, les prix de l’essence et du diesel ont été relevés.

Arabie Saoudite, EAU, Qatar : une diversification qui réussit

D’autres États afficheront un produit intérieur brut (PIB) avec une progression bien supérieure à la moyenne, comme l’Arabie Saoudite, avec + 3,8 %. Bien sûr, reconnaît Seltem Lyigun, les nations du Golfe sont vulnérables à un décrochage des prix du baril, mais l’économiste observe qu’elles « possèdent de confortables ressources financières, de solides systèmes bancaires et un environnement des affaires qui supporte l’investissement et la croissance dans le secteur privé ».

De plus, la plupart mènent déjà avec succès des politiques de diversification, comme les Émirats arabes unis (EAU), avec Dubaï, devenu un hub logistique et touristique se dotant aussi de zones d’activités spécialisées (industrie manufacturière, médias, santé…), et Abu Dhabi, qui développe la construction et les zones dédiées à l’énergie et aux industries de la consommation.

Quant à l’Arabie Saoudite, Riyad a opté pour plusieurs secteurs de diversification : automobile, plastique, transformation des minerais et métaux, énergie solaire et électroménager. Malgré sa santé économique presque insolente, le Qatar a décidé qu’à côté des hydrocarbures devaient s’ajouter d’autres moteurs de l’économie, en l’occurrence, les services financiers, commerciaux et gouvernementaux et la construction. Plus en retrait, Bahreïn cible la communication et les transports. Et Koweït s’efforce de faciliter l’essor des petites et moyennes entreprises.

Risque sectoriel : une situation positive dans le Golfe

Globalement, Coface a établi que le risque dans la plupart des pays du Golfe, quel que soit au demeurant le secteur, est « modéré », soit l’évaluation la meilleure possible. Seuls sont classés dans la catégorie inférieure, dite risque « moyen » (l’échelle de l’assureur crédit en comptant deux autres échelons : risques « haut » et « très élevé »), les hydrocarbures et le transport à Bahreïn, le tourisme encore à Bahreïn et au Koweït, et la construction dans l’ensemble des pays, à l’exception du Qatar (risque modéré).

La construction va être boostée aux Émirats arabes unis, en Arabie Saoudite et au Qatar par une série de méga projets, par exemple à Dubaï avec une montée des investissements de l’immobilier, l’exposition universelle de 2020. Riyad a, pour sa part, lancé un vaste programme d’infrastructures de transport. Quant au Qatar, à ses plans d’urbanisation, s’ajoute l’effort à consentir pour organiser la Coupe du monde de football en 2022. Le cabinet Deloitte en 2013 citait le chiffre de 200 milliards de dollars pour les multiples projets de construction.

En comparaison, le risque est beaucoup plus élevé au Maghreb. La construction et le textile habillement restent des secteurs à « haut » risque au Maroc et en Tunisie. Le premier domaine d’activité repart, toutefois, dans le Royaume chérifien. La stabilité politique, les programmes publics d’infrastructures et de logements sociaux et l’essor du tourisme, qui bénéficie d’une évaluation en risque « modéré » de la part de Coface, favorisent ce nouveau départ.

Quant au textile, Coface remarque le soutien appuyé des autorités marocaines au secteur et l’adaptation progressive des acteurs nationaux au nouveau modèle de mode rapide. Le marché domestique et les exportations se sont aussi développés.

L’automobile, l’« étoile montante »

Dans la région Mena, l’automobile, qualifiée d’« étoile montante » par Coface, est considéré par l’assureur crédit comme un secteur à risque « modéré » à l’instar de l’agroalimentaire. C’est vrai notamment au Maroc, en Tunisie et en Algérie, mais aussi en Arabie Saoudite, dans les Émirats arabes unis, au Qatar, à Koweït, à Bahreïn et Oman.

Le pouvoir d’achat élevé est évidemment un atout dans le Golfe, l’Arabie Saoudite, en particulier, cherchant à devenir le hub sectoriel du Moyen-Orient. Mais en Afrique du Nord aussi l’activité y est dynamique. Deuxième producteur automobile en Afrique, derrière l’Afrique du Sud, le Maroc cherche à attirer les équipementiers, les grands constructeurs et à accueillir des unités d’assemblage.

Par François Pargny - Source de l'article Le MOCI

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