Le financement participatif : un mécanisme innovant pour financer des projets de développement durable en Méditerranée

Le développement des pays de la Méditerranée nécessitera, dans les prochaines années, des financements importants, évalués à plusieurs centaines de milliards d’euros. La situation économique internationale actuelle laissant aux pays européens peu de capacités financières disponibles, il est important de mettre en place des outils nouveaux.
photo.jpgUne nouvelle perspective consisterait à associer des acteurs financiers institutionnels et des investisseurs privés, y compris des particuliers, souhaitant investir à long-terme dans des projets de développement durable tels que des projets d’énergie renouvelable, d’efficacité énergétique ou d’innovation verte. C’est dans ce cadre que la Délégation interministérielle à la Méditerranée (DiMed) a lancé une étude en janvier 2014 sur le financement participatif, ou crowdfunding. Focalisée sur le financement de projets d’infrastructures durables de taille moyenne, cette étude permettrait d’aboutir à la création d’une plateforme de financement participatif.
 
Besoins d’infrastructures, besoins de financements  
 
Les pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée sont confrontés à trois défis majeurs : une forte croissance démographique, une urbanisation galopante et une industrialisation qui s’accélère. Cela va accroître de manière importante la demande en eau, en électricité et en logements urbains. Il est donc crucial d’anticiper les besoins en infrastructures : centrales d’eau, d’électricité, etc.
 
Le développement d’infrastructures en Méditerranée s’effectue traditionnellement au travers de grands plans d’équipement nationaux (projets évalués à plus de 500 millions d’euros), portés par les Etats, les grands fonds et les institutions internationales. Néanmoins, des projets d’infrastructures de taille intermédiaire (de 1 à 50 millions d’euros) au niveau local, et souvent portés par la société civile, peuvent parfois répondre plus efficacement et plus rapidement aux demandes des populations. Cependant, ces projets trouvent difficilement des financements. En effet, souvent, ils ne peuvent pas bénéficier de la finance concessionnelle des agences de développement et ne sont pas suffisamment rentables pour susciter l’intérêt des banques commerciales. Le développement actuel de projets d’équipement de taille intermédiaire appelle des outils alternatifs de financement.
 
Le financement participatif, levier d’investissement
 
L’objectif est de faciliter la rencontre entre les porteurs de projets efficients de taille intermédiaire et les fonds publics et privés appropriés.
 
Le financement participatif, également appelé crowdfunding, est une méthode de financement de projets utilisant Internet comme canal de mise en relation entre les porteurs de projets et les personnes souhaitant investir dans ces projets. Cette pratique permet de trouver plus facilement des financements pour de petits projets (inférieurs à 1 million d’euros), voire des projets intermédiaires (de 1 à 50 millions d’euros). Les projets sont présentés sur une plateforme dédiée et les épargnants peuvent financer des projets à hauteur de ce qu'ils souhaitent investir. Un projet pourra ainsi être financé par la mise en commun d’une multitude d’apports individuels. En outre, l’association du financement participatif aux investisseurs traditionnels, tels que les bailleurs de fonds, les fonds privés ou les fondations, permet la création d’un consortium unique public/privé/société civile d’investisseurs et de parties prenantes.
 
La Plateforme de financement participatif AREAS, outil pilote pour le financement d’infrastructures en Méditerranée

  • Missions :
Le projet AREAS, soutenu par le pôle Financement de la DiMed, rassemble les acteurs et les expertises pour faciliter le développement d’infrastructures de taille moyenne.
 
Le projet AREAS vise à connecter les acteurs clés des secteurs public, privé et non-lucratif afin de permettre la structuration et le financement de projets d’infrastructures durables de taille moyenne, notamment dans les pays du Sud de la Méditerranée, tels que des projets d’énergie renouvelable, de quartiers durables et d’accès à l’eau. Le projet AREAS consolide une base de données de projets. Autour de ces projets, il rassemble des fonds d’acteurs publics, tels que les institutions internationales ou bilatérales, d’acteurs privés, tels que les fondations ou les investisseurs privés, d’organisations non gouvernementales et enfin d’acteurs du financement participatif. AREAS permet ainsi de mutualiser des ressources techniques et financières, qu’elles soient privées ou publiques, de type dette, don ou investissement.
 
Au niveau de l’implication de la société civile, AREAS créé un partenariat unique entre les trois parties de la société civile : ONG, fondations et citoyens. Les ONG portent les projets en mettant à profit leur expertise de gestion et de montage de projet. Les fondations apportent l’expertise financière via notamment le renforcement des capacités ou les études de faisabilité et leur capacité de levée de fond. Les citoyens fournissent des fonds par la plateforme de financement participatif et leur participation renforce la pertinence de l’ensemble de l’initiative.

  • Avantages comparatifs de la Plateforme AREAS :
  • La participation d’un grand nombre d’individus à la plateforme garantira la pertinence des projets ainsi que leur acceptabilité sociale ;
  • En mobilisant l’épargne citoyenne, le financement participatif apparaît comme une solution permettant une implication directe des bénéficiaires finaux et des individus partout dans le monde, et notamment les diasporas ;
  • Les financements participatifs exigent un faible retour sur investissement, cela renforcera l’intérêt des fonds privés pour ces projets ;
  • La prise en charge de la prime de risque et l’atténuation du risque par les fonds de fondations amélioreront le montage financier des projets.
  • Mise en œuvre :
Lancement d’une étude pour tester l’outil du financement participatif : « Conditions de création, de mise en œuvre et d’animation d’une plateforme de financement participatif nationale puis européenne »
 
La DiMed a lancé une étude de faisabilité qui mènera à la création de la plateforme de financement participatif dédiée au financement de projets durables en Méditerranée. Cette étude a pour objet d’explorer les opportunités du secteur du financement participatif pour des projets de développement réalisés dans les pays du pourtour méditerranéen. Ses résultats seront rendus en septembre 2014 et elle conduira, d’ici à novembre 2014, à la réalisation d’une phase de test sur quelques projets pilotes d’infrastructures durables de taille moyenne.
 
L’étude est réalisée en partenariat avec les différentes structures et administrations représentées au sein du groupe de pilotage DiMed-Crowdfunding : le ministère des Affaires étrangères, la Direction générale du Trésor, l’Agence française de développement, la filiale Climat de la Caisse des Dépôts et Consignations, la Banque Mondiale, la Banque Européenne d’Investissement, l’Union pour la Méditerranée, l’Observatoire Méditerranéen de l’Energie, Babyloan et Anaxago.
 
L’étude a été déléguée à Babyloan et Anaxago, deux acteurs majeurs du financement participatif en France, et permettra notamment de répondre aux questionnements suivants : Comment utiliser une plateforme de financement participatif au sein de projets de développement ? Quel modèle de financement participatif est le plus adapté pour le financement d’infrastructures durables (dons, prêts, investissements) ? Quels utilisateurs seraient susceptibles de visiter et de participer à la plateforme ?
 
Une attention particulière portée sur la mobilisation de l’épargne des diasporas 
 
L’étude envisagera la manière de mobiliser les fonds des investisseurs privés et, en particulier, des diasporas vivant en France et en Europe. Pour cela, sera déterminé ce que représentent en Europe les flux financiers des diasporas nationales vers les pays d’origine, quelles sont les méthodes de transfert utilisées ainsi que les principaux usages qui sont faits de ces flux financiers. L’étude proposera une méthode pour mobiliser cette cible spécifique.
  
La plateforme de financement participatif AREAS devrait être opérationnelle en novembre 2014. C’est en tant qu’outil de financement innovant qu’elle pourrait être présentée lors de la Conférence des parties à la Convention cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques qui aura lieu du 30 novembre au 11 décembre 2015 à Paris (COP21).
 
[1] La filiale Climat de la Caisse des Dépôts et Consignations est dédiée à la transition énergétique et écologique de l’économie.
Source de l'article DIMED

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