Et si la multiplication des crises au Proche Orient annonçait un vaste chantier de reconfiguration des Etats et des frontières au sud et à l'est de la Méditerranée ?

Alors que  les défis les plus exigeants du XXIème siècle menacent d'anéantir les sociétés humaines qui se seront confinées dans des dynamiques étriquées, le Proche Orient, le Machrek et le Maghreb (sans oublier Israël) sont appelés à réexaminer collectivement à la faveur de ces printemps arabes si prometteurs, les conditions d'une démocratisation effective porteuse d'une stabilité, d'une prospérité et d'une sécurité partagées et durables !
Face aux défis régionaux, et plus encore, face aux défis globaux, que peuvent peser des Etats et des économies nationales davantage jaloux de leurs prérogatives territoriales que garants de la prospérité économique, de la justice sociale, du développement humain et de la sécurité, qu'elle soit humaine, collective et/ou régionale ?
Il n'y a aucune raison objective pour que cette région qui rassemble à elle seule tous les symboles, tous les paradoxes et tous les défis de la Tour de Babel (cf. Tour de Babel - première partie - ainsi que Tour de Babel - seconde partie -) échappe aux obligations de réformes qui s'imposent partout ailleurs dans le monde, y compris en Europe (cf. à cet égard Pour faire face aux risques globaux majeurs, l'Union européenne doit poursuivre ses réformes doctrinales et institutionnelles ! - première partie - ainsi que Pour faire face aux risques globaux majeurs, l'Union européenne doit poursuivre ses réformes doctrinales et institutionnelles ! - seconde partie - ) 
La promesse démocratique arabe doit puiser ses ressorts et ses messages dans cette promesse démocratique universelle que les Israéliens ont su concrétiser dès la création de leur Etat et que les Palestiniens entendent à leur tour concrétiser dans un Etat véritablement viable.
Sa concrétisation, qui est la condition d'un développement régional et d'une paix aussi équitables que durables, ne pourra être obtenue sans une rupture avec cette dérive dynastique qui aggrave les maux politiques du Moyen-Orient (cf. La dérive dynastique aggrave les maux politiques du Moyen-Orient, par Gilles Paris (Le Monde) - nouvelle édition - ) !
Un autre schéma politique est non seulement nécessaire mais possible qui finira par éradiquer toutes ces formes d'islamisme radical qui paralysent les sociétés arabes, tout simplement parce que, comme l'affirme Olivier Roy depuis des années (cf. Retour sur images : Olivier Roy : « L’islamisme se dissout dans la démocratie » (Cafebabel.com)) l'islamisme ne peut que se dissoudre dans la démocratie ! Un schéma sui generis qui conjugue, comme c'est aujourd'hui le cas en Turquie, la démocratie, les valeurs conservatrices et le libéralisme économique.; non sans soubresauts ..
Mais l'avènement de la démocratie, le retour à une prospérité porteuse d'espoirs pour chaque individu de cette région, ne seront possibles sans une refondation du pacte de sécurité régionale sur des bases résolument nouvelles, où le droit de chaque Etat et de chaque Peuple à une dignité, à une souveraineté et à une sécurité pleines et entières doit être reconnu à tous, individuellement aussi bien que collectivement.
Que l'on croit ou non à la "spontanéité" de cette explosion quasi simultanée de "printemps arabes" favorisés par les nouvelles technologies d'information et de communication (voir à cet égard Du soutien appuyé de la diplomatie américaine aux mouvements socio-politiques dans les Pays tiers méditerranéens : premiers éléments d'analyseainsi que Du soutien appuyé de la diplomatie américaine aux mouvements socio-politiques dans les Pays tiers méditerranéens : premiers éléments d'analyse (suite)), un fait est indubitable : l'accès à la dignité et à une démocratie pleine et entière des peuples insurgés ne produira ses effets bénéfiques qu'au prix d'une reconfiguration des pays et de leur Etat sur d'autres bases juridiques, socio-politiques et géographiques ; des bases davantage conformes aux volontés de ces Nations qui sont encore déchirées et tiraillées par des relations intergouvernementales conflictuelles.
L'heure est plus que jamais venue d'en finir avec ces relations quotidiennement marquées par des tensions avivées par un antisionisme historique qui puise ses ressorts dans des références théologiques trop souvent déformées et perverties, par des réflexes nationalistes orphelins d'une assise culturelle capable de résister à la critique historique et par des rivalités ethniques, par essence fratricides, qui ne portent en elles aucun des germes d'une prospérité, d'une sécurité et d'une stabilité régionales futures.
Des initiatives stratégiques majeures ont été entreprises au cours de l'année 2013 ! Parmi elles figure 'l'initiative économique palestinienne' (voir ici son sommaire - en anglais - :http://blair.3cdn.net/a1cbc4b311f0287605_twm6iv9t3.pdf) qui vise à doter le peuple palestinien d'une économie modernisée et compétitive, et qui constitue indubitablement le second maillon tangible et crédible, après le soutien plus ancien de l'Autorité palestinienne dans sa démarche visant à établir un Etat palestinien (voir ici plu de détails à cet égard : http://blair.3cdn.net/549243dd28961937d9_bgm6i2d4b.pdf) d'un processus plus global qui doit aboutir à une résolution définitive et équitable de cette crise majeure du monde contemporain.
Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, est arrivé jeudi 2 janvier 2014 en Israël pour une nouvelle mission destinée à relancer les négociations de paix israélo-palestiniennes.  
Cette visite, sa dixième dans la région en moins d'un an, vise à jeter les bases d'un "accord-cadre" qui touche aux questions clés du conflit proche-oriental et pourrait faciliter à terme l'avènement d'un Etat palestinien indépendant, ont déclaré des responsables américains.    
Mais pour que celà puisse se réaliser, encore faudrait-il cesser les hypocrisies et mettre un terme aux interventions militaires démesurées ou terroristes qui pourrissent depuis trop longtemps les négociations (cf. à cet égard Pour dépasser la situation actuelle au Proche Orient, il faut d'abord cesser les hypocrisies et de soutenir les fausses bonnes solutions, et tirer les véritables leçons ! - nouvelle édition ainsi que Le 27 décembre 2008, Tsahal lançait l’Opération Plomb Durci à Gaza ) !  
Une reconfiguration géopolitique de cette région parait indispensable, le pragmatisme le plus exigeant devant nécessairement inspirer les négociateurs des différentes parties  pour que cette reconfiguration ne crée aucun 'perdant' !
Elle devra être entreprise selon un agenda approprié dans le cadre des institutions internationales compétentes.Peut-être est-elle déjà à l'oeuvre ?!  
Les frontières devront être probablement revisitées sur l'ensemble de l'échiquier proche-oriental, et les cartes géopolitiques redessinées (cf. à cet égard Israël et la notion de « frontières défendables »).
Or, sur les questions du tracé des frontières, de la sécurité, des réfugiés ainsi que sur le statut futur de Jérusalem, les dirigeants palestiniens et israéliens devront trouver le juste équilibre, un équilibre géopolitiquement et économiquement stable bâti autour de considérations concrètes qui répondent aux grandes aspirations les plus légitimes des peuples de la région, à commencer par les peuples israélien et palestinien, mais pas seulement, la Jordanie, le Liban, l'Egypte et la Syrie étant également parties prenantes dans cette indispensable reconfiguration !
Récemment, le vice-ministre israélien des Affaires étrangères Zeev Elkin a rejeté la création d'un Etat palestinien sur la base des frontières d'avant la guerre des Six jours (1967), durant laquelle l'armée israélienne avait occupé la bande de Gaza, la Cisjordanie et la partie est, arabe, de Jérusalem.  
"La vallée du Jourdain doit rester à jamais sous souveraineté israélienne", a estimé Zeev Elkin, faisant allusion à la zone frontalière avec la Jordanie, d'où les Palestiniens veulent voir les Israéliens se retirer complètement.
Soyons réalistes ! Seule la position exprimée par Zeev Elkin est acceptable par l'Etat d'Israël ! Il y va de sa sécurité autant que de sa viabilité !
Israël, qui tient de nombreuses cartes en main, dispose aujourd'hui des marges de manoeuvre politiques (cf. notamment à cet égard Le roi "Bibi" et son énigme, par Alain Frachon (Le Monde) ainsi que Le premier ministre "Téflon" d'Israël, par Laurent Zecchini (Le Monde)) et géopolitiques nécessaires pour accepter la tenue d'une conférence internationale sur le Proche-Orient qui intégre cette question des frontières ! Son rapprochement avec les militaires égyptiens sur le Sinaï et l'affaiblissement politique des frères musulmans, l'affaiblissement du régime syrien et du Hezbollah cumulée à la libanisation de la crise syrienne ajoutant encore à ses marges de manoeuvre (cf. Rapprochement entre l’Egypte et Israël sur la question du Sinaï ? par Ivan Sand (Diploweb.com) )
Simultanément, l'Occident - formule impropre qui cherche à unifier des modèles et des pratiques démocratiques et politiques distincts - doit absolument repenser son lien avec le monde arabe en mettant un terme à ses disgressions improductives et dangereuses à l'égard de l'Islam et des musulmans (L'Occident amené à repenser son lien avec le monde arabe).
C'est à ce prix que la communauté internationale parviendra enfin à créer les conditions d'un Etat palestinien viable et sûr, respectueux de la sécurité de l'Etat d'Israël. Ce qui ne sera possible sans créer simulatément les conditions d'un nouvel Etat jordanien, d'un nouvel Irak et d'un nouveau Liban tout aussi viables, sûrs et stables !  (cf à cet égard les regards posés sur la situation réelle dans deux de ces deux pays clé de la région : Quelle est la situation réelle en Jordanie ? (Suite) ainsi que "Le Liban est en train de devenir une guerre par procuration" (Francetvinfo) ).
Non seulement la Russie, La Chine, l'Iran, la Turquie, l'Egypte et les pays de la péninsule arabique se trouvent aujourd'hui impliqués, bon gré mal gré, dans la résolution de la crise syrienne, laquelle concentre à elle seule une multitude d'enjeux stratégiques et régionaux, mais les Nations-Unies dans leur ensemble !
Paradoxalement, malgré les souffrances des peuples syriens et libanais que nous déplorons tous, aucune autre crise que cette crise syrienne - soudainement  et brutalement devenue crise syro-libanaise - ne pouvait offrir in fine autant de chance à la paix, à la réconciliation et à la stabilité dans cette région en mouvement !
Seule la volonté politique de chacun déterminera l'issue d'un tel processus. Nous en sommes tous conscients ! Rien n'est gagné d'avance.
Alors que l'on pensait - en vain - que 2012 serait cette année historique tant espérée, 2013 n'a pas encore été l'année de la refondation tant attendue de ce grand "Moyen-Orient" qui a connu tant de traumatismes aussi inutiles qu'infructueux sur tous les plans au cours des dernières décennies. La gestion de la crise syrienne y concourrera-t-elle ?
Le nouvel investissement diplomatique des Etats-Unis en faveur d'une élaboration rapide d'un véritable traité de paix définitif laisse espérer des progrès significatifs en 2014. Surtout si la Russie accepte de prendre sa part à l'édification d'une solution définitive, ce qui semble possible eu égard au regain d'intérêt et d'influence de sa diplomatie pour cette région ! 
Ensuite viendra le temps de construire, pas à pas, une ou plusieurs entités sous-régionales à même de répondre aux défis et attentes collectifs selon des modalités et des schémas empreints des spécificités culturelles et sociales auxquelles les peuples souverains resteront attachés (cf. notamment à cet égard Retour sur images : Sept messages pour redonner de l'espoir et une perspective au Proche Orient ou encore Et pourquoi pas créer un marché intérieur au Proche-Orient, dit Michel Barnier ). Israël sera alors le pays de cette région le mieux à même de montrer le cap à suivre pour permettre à tous de faire face aux grands défis de ce siècle, y compris dans le domaine économique (cf. Israël la nation Start Up. Les ressorts du miracle économique israélien, par Jean-Marc Moskowicz (Europe-Israel.org ))    
Source de l'article Regards Citoyens
NB : Le présent article a été diffusé une première fois sur ce site, sous une version voisine, en mars 2011, puis en janvier 2012.
Voir également à ce sujet l'article intitulé Penser pour agir dans l'espace euroméditerranéen avec l'efficacité attendue sans insulter l'avenir - nouvelle édition - ainsi que les articles auxquels il renvoie.

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