Soutien aux PME : L’OCDE évalue la stratégie marocaine

Avec près de 95% du tissu productif, les PME constituent le principal moteur de l’économie nationale. D’ailleurs, il s’agit d’un sujet d’actualité au niveau international, dans la mesure où le partenariat de Deauville et le dernier sommet du G8 ont insisté sur le rôle déterminant que jouent ces entreprises dans le développement économique et social.

Soutien aux PME: L’OCDE évalue la stratégie marocaineLe Maroc l’a bien compris en lançant, depuis quelques années, une série d’actions pour la promotion de cette catégorie d’entreprises. Ces mesures ne se sont pas limitées au niveau interne, dans la mesure où le Maroc s’est inscrit dans des initiatives internationales, notamment en rejoignant le partenariat de Deauville pour les pays en transition. Un atelier, organisé hier à Rabat, par le ministère des Affaires générales et de la Gouvernance, en partenariat avec l’OCDE, a permis de mettre le point sur l’état d’avancement de la réalisation du plan d’action défini par cette structure en faveur du Maroc.
En effet, l’idée est de «mesurer les progrès réalisés, et d’identifier les actions prioritaires pour la réalisation des objectifs de ce plan signé en septembre 2012», a affirmé Amina Benjelloun, chargée de mission auprès du ministère des Affaires générales.  Surtout que «cette initiative converge parfaitement avec les objectifs que s’est fixé le Maroc dans ce domaine», a noté Houda Marrakchi, directrice de la promotion et de la coopération économiques au ministère des Affaires étrangères.
En effet, cette structure, actuellement sous présidence britannique, a prévu près de 100 millions de dollars (860 millions de DH) pour la réalisation de projets de soutien concret en faveur des pays en transition, comme l’a souligné Ann Aichroth, seconde secrétaire politique de l’ambassade du Royaume-Uni à Rabat. Le Maroc bénéficie du quart de ce montant, soit 25 millions de dollars (215 millions de DH), destinés à la réalisation de 6 projets. 
Il s’agit en effet de répondre aux différents axes prioritaires définis par le plan d’action destiné au Maroc. On y retrouve notamment l’amélioration des outils de financement, la réduction des contraintes administratives, et la facilitation de l’accès à la commande publique.
A cela s’ajoutent l’amélioration de la politique d’entrepreneuriat et le renforcement des capacités de gestion des dirigeants des PME. Sur ces différents points, «l’évaluation du Maroc a été positive, en évolution par rapport aux contraintes identifiées en 2008», a avancé Alexander Boemer, chef du programme Mena-OCDE pour l’investissement.
Il a souligné que Rabat dispose actuellement d’une «politique claire en faveur des PME, avec une stratégie bien ficelée et une agence opérationnelle». Ce qui a permis de dépasser les défaillances pointées en 2008, notamment en matière de cadre réglementaire, de simplification des procédures et de politique d’innovation. Une réunion d’évaluation a été tenue, la veille de l’atelier de l’OCDE, dans le cadre de la charte euro-méditerranéenne, comme l’a affirmé Latifa Echihabi, DG de l’ANPME.
Il en ressort que sur la problématique d’accès au financement, le Maroc a réalisé des progrès en matière de développement du secteur du microcrédit, et du cadre de garanties. Aujourd’hui, la Caisse centrale de garantie engage 8 milliards de DH d’encours au profit de 6.000 PME garanties, est-il indiqué. Néanmoins, beaucoup de PME continuent d’avoir des difficultés d’accès au financement.
Cela est principalement dû à deux grands obstacles, à savoir «le manque de sûreté des projets ainsi que la qualité des dossiers présentés aux banques», est-il souligné. Pour le volet innovation, les participants à cet atelier, notamment des représentants des organisations internationales, institutions financières, mais aussi les ambassades de certains pays, surtout du G8, ont noté l’évolution réalisée dans ce domaine, à travers la stratégie nationale d’innovation mise en place il y a quelques années. Globalement, «les PME font aujourd’hui partie d’une politique transversale, basée sur une démarche globale qui vise l’amélioration de l’environnement général de l’entreprise», a fait savoir Echihabi.
Elle a mis en avant le rôle déterminant de l’approche de partenariat adoptée, notamment public-public, public-privé, mais aussi avec les institutions financières et techniques. Face à la réussite des programmes lancés par son Agence, de l’avis même des organisations internationales comme l’OCDE, elle a plaidé pour le dépassement de la logique des actions pilotes, afin de déterminer les moyens de généraliser ces outils à l’ensemble des PME, dans les différentes régions du Maroc.

Bémols
Au-delà des avancées réalisées, le tissu des PME souffre encore de certains dysfonctionnements, pointés par les experts des organisations internationales. A commencer par «le manque de données pour identifier le nombre des structures actives». Les données disponibles remontent à une enquête de 2003. D’où l’appel à accélérer la mise en œuvre d’un Observatoire des PME. Autre bémol, la grande présence de l’informel et des micro-entreprises dans cette catégorie d’unités de production. Celles-ci sont également caractérisées par «la domination de travailleurs ayant une faible formation. Ce qui se traduit par l’insuffisance des actions d’innovation», a déploré Florian Theus, qui a présenté une étude de la BAD sur la situation des PME dans les pays en transition. D’où l’importance de dupliquer les expériences réussies d’incubateurs. Il a également pointé «le nombre réduit des femmes à la tête de ce type de structures».


Par Mohamed Ali MRABI – Source de l’article l’Economiste Marocain

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