SIAM 2013 : La sécurité alimentaire en Méditerranée en question


C’est dans une ambiance champêtre, au milieu des plus beaux spécimens d’animaux de ferme, que le pôle d’élevage a retrouvé du 24 au 28 avril 2013 la ville impériale de Meknès, à l’occasion du SIAM.

Pôle-élevageCe fut un rendez-vous ludique, animé et gourmand pour le grand public. Les plus beaux spécimens de l’étable de Meknès ont défilé sous le regard admirateur du grand public et des professionnels. Les éleveurs étaient venus certes de Meknès et des autres voisines, mais également, pour près d’une centaine d’entre eux, de nombreux pays à travers le monde. Ce mode opératoire est désormais incontournable pour la commercialisation et le développement des races à travers le monde. La visite des professionnels du secteur a aussi été marquée par différents conférences, et par les conventions signées lors de ce rendez-vous annuel.

Ainsi, le 25 avril, le Crédit Agricole et l’Institut de Prospective Economique du monde Méditerranéen (IPEMED) ont organisé une conférence de presse sous le thème ‘’ Quelles solutions pour une plus grande sécurité alimentaire en Méditerranée ? ‘’.  Cette rencontre constructive a été animée par Lucien Bourgeois, consultant économiste, Miguel Angel Moratinos, ancien Ministre et Conseiller Diplomatique du Qatar National Food Security Program et Michel Petit, ingénieur agronome.

Si de nos jours nous mangeons pour la plupart à notre faim, cela risque de changer d’ici quelques années, à cause de l’accroissement des populations. Près de 150 millions d’habitants vivent au Sud de la Méditerranée. Même si la transition démographique est engagée, les pays concernés représenteront 200 millions d’individus dans 30 ans. Dans le même temps, l’expansion des centres urbains et des activités économiques rognent les terres arables. A cela s’ajoutent l’épuisement des sols, les problèmes d’héritage (de nombreuses exploitations sont dans l’indivision), les conséquences des nationalisations (Algérie, Egypte) mais aussi la raréfaction des ressources hydrauliques.

« Le déséquilibre alimentaire des pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée est manifeste, tous les exercices de prospective convergent pour annoncer une aggravation de leur déficit alimentaire. En 2003, la couverture de la consommation par la production alimentaire dans cette zone était de 65%, en 2050 elle pourrait tomber à 42%, ce qui en ferait la région la plus vulnérable au monde du point de vue la sécurité alimentaire » nous explique Jean-Louis Rastoin, fondateur de l’IPEMED.

La hausse des températures et la raréfaction des ressources en eau vont modifier le paysage agricole. A cela s’ajoutent la facture alimentaire en devises (importations) des pays sud et l’est de la Méditerranée, qui a doublé entre 2006 et 2008 pour atteindre 25 milliards de dollars, ainsi que le prix des produits alimentaires qui sont en effet yo-yo.  Il y a donc une priorité d’améliorer la sécurité alimentaire.

Pour Miguel Angel Moratinos, « il faut continuer à sensibiliser les professionnels, les politiciens, les agricultures et les consommateurs, puisque quand les prix des produits agricoles augmentent la crise se ressent. » Il ajoute qu’il n’y a pas de solution miracle, et qu’à son avis « il faut créer une nouvelle charte sur la sécurité alimentaire, c’est la seule façon de réussir ».

« Quand il y a une bonne récolte [il est bon] de faire des stocks, car la sécurité alimentaire peut être une force politique » annonce pour sa part Lucien Bourgeois.

Pour améliorer la sécurité alimentaire, il faut passer par des accords commerciaux internationaux pour assurer des approvisionnements stables et à prix lissés en produits alimentaires stratégiques (cadre institutionnel euro-méditerranéen) et par des partenariats inter-entreprises d’autant plus pertinents que les produits échangés sont complémentaires plus que concurrents, comme les céréales et les produits laitiers dans le sens Nord-Sud et les fruits et légumes du Sud vers le Nord.  Il faudra aussi que les pays du Maghreb cessent de s’ignorer et ouvrent leurs frontières aux produits de leurs voisins plutôt que de les importer d’Europe ou même d’Amérique latine. Tout cela nécessitera non seulement un plan agricole global pour l’ensemble de la région mais aussi et avant tout une volonté politique de part et d’autre de la Méditerranée.
Par Fatimazahraa Rabbaj – Source de l’article la Nouvelle Tribune

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