La rive gauche de la Méditerranée enfin réunie


Une vingtaine de forces progressistes du pourtour méditerranéen étaient réunies, cette fin de semaine, à Palerme. Une première, à l’initiative du Parti de la gauche européenne.

Palerme (Italie), envoyé spécial. Printemps arabe ou méditerranéen ? La question est posée par Leoluca Orlando, maire de Palerme, la ville où se tenait, cette fin de semaine, la première conférence de la gauche méditerranéenne, à l’initiative du Parti de la gauche européenne. La cinquantaine de personne présentes, représentants de partis d’Europe et du pourtour de la Méditerranée, semblent pencher pour la seconde solution, tant certaines dynamiques à l’œuvre sur les deux rives sont similaires.

Pour le meilleur comme pour le pire. Le meilleur ? En 2011, des mouvements sociaux aboutissaient à des changements de régime en Égypte ou en Tunisie, ou exprimaient, dans les pays du sud de l’Europe, le refus des politiques d’austérité. Le pire ? Le recul de la démocratie. Face à la crise du néolibéralisme « au nord, ils ont inventé les gouvernements techniques ; chez nous, ils ont favorisé la poussée des islamistes », indique un participant. « Les Frères musulmans égyptiens ont dit qu’ils n’avaient rien à redire sur la politique économique de (l’ancien dictateur) Hosni Moubarak », rapporte Mamdouh Habashi, du Parti socialiste égyptien. Plusieurs Européens dénoncent, au Nord, la « création d’un ennemi de l’intérieur », l’immigré, pour ne pas traiter des vrais problèmes. « La plus grande discrimination est de penser que la présence de l’étranger ne serait légitime que si elle était utile économiquement », dénonce Christine Mendelsohn, du Parti communiste français. « Fascisme, fondamentalisme et islamisme fonctionnent selon le même mécanisme », renchérit un responsable libanais.

Un an après le printemps méditerranéen, c’est la santé de la démocratie qui inquiète. Costas Isychos, haut responsable de Syriza, s’inquiète des « gouvernements d’urgence » au Nord, au service du projet néolibéral. Il dénonce les zones franches que veut créer le gouvernement grec. Houcine Bardi, de la coalition tunisienne Al Massar, s’inquiète, lui, du mouvement islamiste Ennahdha, qui « réduit la démocratie aux élections pluralistes, sans considération pour les droits, les règles et l’état d’esprit démocratique ». Il aborde ensuite un autre point cher aux participants, du Nord comme du Sud : la question 
des divisions à gauche. « Si 
Ennahdha a obtenu 1,5 million de voix et 41 % des sièges, les petites listes de gauche et démocrates ont recueilli 1,3 million de voix. Courant séparément, elles n’ont obtenu aucun élu. » Les participants ont convenu de poursuivre leurs échanges. Une nouvelle conférence devrait se tenir à l’occasion du prochain Forum social mondial, en mars, à Monastir, en Tunisie.
Par Gaël De Santis – Source de l’article l’Humanité

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