En Afrique du Nord, 41 % des jeunes sont sans emploi


Avec 41 % de jeunes sans emploi en Afrique du Nord, le chômage apparaît comme une bombe à retardement pour la région. Près de 10 millions de jeunes arriveront sur le marché d'ici à 2020.

En Afrique du Nord, 41 % des jeunes sont sans emploi

Le défi est immense : 41 % de la population des 15-24 ans d'Afrique du Nord sont sans emploi. C'est le chiffre qui ressort de la publication du rapport annuel sur les « Perspectives économiques en Afrique », commun à l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et à la Banque africaine de développement (BAD). Si le taux de chômage des jeunes dans la région est de trois à quatre fois plus élevé que celui des adultes (23 % en moyenne), « c'est sans compter ceux qui échappent aux statistiques du chômage parce qu'ils ont perdu espoir et ne cherchent plus de travail activement »,expliquait le secrétaire général de l'OCDE, Angel Gurria, lors de la présentation du rapport. « En réalité, pas moins de 40 % de la jeunesse d'Afrique du Nord sont exclus du marché du travail. »
Le chômage touche de plein fouet les jeunes diplômés. Si le Maroc s'en sort mieux - ce taux a baissé de 29 à 18 % entre 2005 et 2011 -, le taux de chômage des jeunes diplômés reste bien au-delà de la moyenne nationale, de 9 %. En Tunisie, la situation s'est aggravée : officiellement de 5 % à la fin des années 1990, le taux de chômage des jeunes diplômés est passé en 2011 à plus de 20 %. « Cette jeunesse, si elle reste désoeuvrée, peut constituer un facteur d'instabilité plutôt qu'une opportunité,poursuit Angel Gurria. Les mêmes frustrations qui ont contribué à défaire des régimes autoritaires, si elles perdurent, peuvent également mettre à mal les régimes légitimes qui leur ont succédé. »
Le défi est d'autant plus grand que 9,8 millions de jeunes doivent entrer sur le marché du travail d'ici à 2020. La croissance est une condition nécessaire pour créer de l'emploi, estiment les auteurs du rapport, qui voient cette croissance rebondir à 4 % en 2013 dans les pays d'Afrique du Nord. Une perspective qui reste timide, comparée aux taux de croissance d'Asie du Sud-Est ou d'Amérique latine. Et cette croissance ne suffira pas à créer les emplois. OCDE et BAD plaident d'ailleurs pour des réformes de fond en faveur du secteur privé, considérant que le secteur public « ne peut plus et ne pourra plus » absorber les nouveaux entrants sur le marché du travail. Encore faut-il pour cela « redoubler d'efforts pour lutter contre la corruption, premier obstacle au développement des entreprises privées », estime-t-on à l'OCDE. Où l'on voudrait aussi faire coïncider les qualifications des demandeurs d'emploi et les besoins des entreprises. Cette « coïncidence » ne résoudra cependant pas tout, estime ce chef d'entreprise tunisien : « En France, si vous choisissez la filière sociologie et que vous n'avez pas de travail avec votre diplôme, c'est votre problème. En Tunisie, vous n'avez pas le choix : en fonction de vos résultats, on vous oriente vers telle ou telle filière. Les jeunes s'estiment donc ensuite en droit de réclamer un travail lorsqu'ils décrochent leur diplôme. »
Par Marie-Christine CORBIER
Source de l'article LesEchos

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