Maroc : les investissements étrangers chutent

En 2011, le Maroc a accueilli 2,25 milliards d'euros d'investissements étrangers, soit 26,9% de moins qu'en 2010. L'année 2012 n'est guère plus brillante. Pourtant, l'industrie et l'immobilier tirent leurs épingles du jeu.
Avec la crise en Europe, les investissements directs étrangers (IDE) chutent au Maroc. Les deux principaux partenaires commerciaux du royaume, la France et l’Espagne, ont revu à la baisse leurs projets : si l’Hexagone reste le 1er investisseur dans le royaume, ce n’est « que » pour 8,5 milliards de dirhams en 2011 (747 millions d’euros). Soit 59% de moins qu’en 2010. Ahmed Fassi Fihri, directeur à l’Agence marocaine de développement des investissements (AMDI), tient à relativiser en rappelant le caractère « exceptionnel » du rachat de Méditel par Orange, pour 8 milliards de dirhams, qui avait gonflé les chiffres de 2010.

Mais même sans cette opération, la baisse des investissements français serait de… 32%. Quant à l’Espagne, jadis deuxième investisseur au Maroc, elle a rétrogradé à la quatrième place, avec 1,5 milliard de dirhams investis en 2011, derrière les Émirats arabes unis (4,5 milliards de dirhams), et l’Arabie saoudite (1,6 milliards). Les deux pays du Golfe progressent mais pas assez pour compenser la baisse en provenance de l'Europe.

Au total, le volume d’IDE a baissé en 2011 de 26,9 % pour se situer à 25,6 milliards de dirhams (2,25 milliards d'euros) en 2011 contre 35,1 milliards en 2010. Les quatre premiers mois de l’année 2012 ne sont guère encourageants, avec une baisse supplémentaire de 8% par rapport à la même période en 2011 (chiffres provisoires donnés par l’Office des changes). Le directeur des investissements de l’AMDI juge toutefois la situation du Maroc meilleure que celle des pays voisins : «  Toute la région a ressenti l’impact des révolutions arabes, y compris le Maroc, mais à des degrés très différents. Alors qu’en Tunisie et en Égypte, par exemple, les flux nets d’IDE (entrées moins les sorties, NDLR) ont diminué respectivement de 66 et 93%, au Maroc, ceux-ci ont progressés de 53% », affirme-t-il.

«  Nous n’allons pas pour autant changer de stratégie. »
Ahmed Fassi Fihri, directeur, AMD

Du Maroc aux pays africains

«  Nous n’allons pas pour autant changer de stratégie », poursuit Ahmed Fassi Fihri. « En dépit de la crise de la dette souveraine en Europe, de la récession économique, nous sommes dans une logique de continuité. Le chef de gouvernement Abdelillah Benkirane a cité quatre ou cinq fois le mot « investissement » dans son discours de politique générale, c’est dire l’importance qu’accorde le nouvel exécutif à l’investissement et à la création d’emploi. L’effort d’investissement de l’État et la recherche de partenaires extérieurs vont se poursuivre, en renforçant nos relations avec nos partenaires traditionnels européens, même s’ils vivent des moments difficiles », indique-t-il.

« Nous avons calculé que seulement 1% des investissements extérieurs de la France se faisaient au Maroc, poursuit-il. Cela montre qu’il y a encore un important potentiel à exploiter, surtout au moment où nous disposons de stratégies sectorielles et d’infrastructures performantes aux portes de l’Europe, donnant la possibilité aux investisseurs d’accéder à partir du Maroc, aux marchés africains ».

Prudent, le Maroc cherche néanmoins à diversifier la nationalité de ses investisseurs. « Nous misons aussi sur d’autres pays européens, moins habitués au Maroc, comme l’Allemagne et l’Italie, ainsi que sur les grands pays asiatiques tels que la Chine, l’Inde, le Japon et la Corée du Sud », détaille Ahmed Fassi Fihri.

L'industrie en tête, le tourisme en berne

Pour le directeur de l’AMDI (qui remplace Fathalah Sijilmassi, parti diriger l’Union pour la méditerranée), le secteur industriel continue d’avoir le vent en poupe, avec 6,2 milliards de dirhams investis en 2011, contre 4,8 milliards en 2010. « Les derniers investissements dans l’aéronautique, avec la construction d’une usine Bombardier à Casablanca, et dans l’automobile, dans le sillage de l’implantation de Renault à Tanger, prouvent que la stratégie du plan « émergence industrielle » (lancé en 2000, NDLR) était la bonne », affirme-t-il.

Le secteur immobilier se porte également bien, avec 8,2 milliards de dirhams investis pour la seule année 2011. « C’est le signe que le Maroc est une destination de long terme », estime Ahmed Fassi Fihri. Reste que le tourisme, secteur économique essentiel pour le pays (7,8% du PIB), peine à attirer : les investissements touristiques se sont élevés à seulement 2,6 milliards de dirhams en 2011, contre 4,1 milliards en 2010, même si une embellie pourrait survenir en 2012, après les annonces de projets des pays du Golfe persique.
Par Christophe Le Bec

Source l’article JeuneAfrique

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