Pour le commissaire Štefan Füle, l'Europe doit relever les défis dans le sud de son voisinage


L'Europe doit être à la hauteur du défi historique du printemps arabe. C'est ce qu'a déclaré cette semaine Štefan Füle, commissaire européen en charge de la politique européenne de voisinage, ajoutant que si les États membres avaient relégué au second plan la politique étrangère pour mieux se concentrer sur la crise économique, l'évolution dans le monde arabe nécessitait, sans plus attendre, toute l'attention de l'Europe.
 
Profitant de sa présence à Bruxelles pour la présentation de l'annuaire de l'Institut européen de la Méditerranée (IEMED), le commissaire Füle a expliqué que l'UE avait envoyé des signaux importants indiquant sa volonté de travailler avec les nouveaux gouvernements du sud du voisinage et de soutenir la transition, et qu'elle avait par ailleurs mobilisé d'importantes ressources financières supplémentaires en faveur de la région.
Il a cependant précisé: «Si je suis sûr que nous avons pris quelques initiatives très positives l'année dernière, je ne suis pas convaincu que nous sommes en train de relever ensemble le défi historique du Printemps arabe. »
Le commissaire a ainsi déclaré que l'Europe ne pouvait ignorer le sud de son voisinage, «que ce soit pour sa propre sécurité (dans un contexte de terrorisme, de radicalisation de certains segments de la population et de trafics illicites») ou pour sa propre prospérité (par le biais des exportations et des investissements), » et ajouté : «Une plus grande implication dans notre voisinage fait partie de la solution à nos problèmes intérieurs, ce n'est pas l'origine de nos problèmes. »
Il a expliqué qu'il était important que l'UE reste pleinement engagée en faveur de la région, en particulier en faveur des pays les plus avancées sur la voie de la transition. «Le processus de transition doit être couronné de succès. Il nous faut donc accélérer le rythme du changement, en particulier en dégageant des moyens concrets pour soutenir la gouvernance, la démocratisation, la croissance et la création d'emplois.»
M. Füle a déclaré avoir tout particulièrement veillé à relancer sur la voie du succès la coopération régionale dans le contexte de l'Union pour la Méditerranée. «Nous sommes en présence de défis régionaux qui exigent des solutions régionales.»
Il a rappelé que l'Union pour la Méditerranée avait joué un rôle particulier, en tant qu'héritière du processus de Barcelone et plateforme unique de dialogue réunissant 43 partenaires désireux de développer des stratégies communes. Il a expliqué que l'UpM était tout à fait complémentaire à la nouvelle politique européenne de voisinage, ajoutant que la décision des ministres des affaires étrangères de l'UE de transmettre la co-présidence nord de l'UpM à l'UE «témoignait de notre engagement et notre responsabilité à soutenir l'UpM»
Il a ensuite lancé une mise en garde, indiquant que la situation était toujours instable dans le sud de la Méditerranée, et que la région restait confrontée à d'énormes défis, en particulier:
•       le défi politique d'assurer le succès des processus de transition et la mise en place d'États démocratiques, pleinement engagés à respecter les droits de l'homme et les libertés fondamentales, les droits des femmes, la liberté d'expression et la tolérance religieuse; et
•       le défi économique de relancer la croissance et de donner des emplois à la jeunesse. Sans emploi et sans perspective d'une vie meilleure, les sociétés de nos partenaires resteront instables.  L'objectif est de favoriser l'esprit d'entreprise et les investissements en assurant un climat prévisible et transparent, propice aux affaires, en supprimant l'esprit de rentier d'une poignée de favorisés, aujourd'hui dépassé, et de mettre en place un modèle plus inclusif d'éradication de la pauvreté.
La Commission européenne s'est pleinement investie dans cette nouvelle approche à l'égard des voisins de l'UE, «une approche qui reconnaît que l'UE doit mieux prendre en compte les besoins spécifiques de chacun de ses voisins et leur appel à davantage de dignité. Dans le même temps, nous allons nous montrer plus exigeants et offrir notre soutien - un soutien renforcé – à ceux qui sont les plus engagés sur la voie de véritables réformes politiques. » 

Pour en savoir plus
- IEMed – Site internet

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