Liban: L’impact des révolutions arabes

Lors d’un déplacement au Liban, Ipemed a rencontré le gouverneur de la Banque centrale du Moyen-Orient, Riad Salamé, et organisé, en partenariat avec l’École supérieure des affaires de Beyrouth, une conférence d’Hubert Védrine sur la situation du pays.











Le Liban, à l’image de l’ensemble des pays du Maghreb, Proche et Moyen-Orient a été affecté par les bouleversements de la région et a vu son activité économique régresser. Selon Riad Salamé, la croissance réelle va être de 2% en 2011. Il estime néanmoins que les ingrédients pour une reprise de la croissance sont là: le facteur humain et les possibilités de financement. Rappelons que la dette publique du Liban est l’une des plus élevées du monde. L’objectif pour 2012 est de parvenir à dégager un petit excédent du solde primaire (hors service de la dette) et d’opérer une réforme fiscale plus juste, avec des dépenses sociales mieux ciblées.

Les investissements directs ont baissé dans l’ensemble de la région et de 30% dans le pays. Selon le gouverneur, «un risque est perçu au niveau de la stabilité politique dans l’ensemble des pays arabes. Du coup, les investisseurs préfèrent attendre. Nous avons senti cette attente tout particulièrement dans le secteur de l’immobilier où l’activité a chuté de 28%, mais les prix restent stables. Les événements qui se déroulent en Syrie incitent à la plus grande prudence».

Le poids de la Syrie
Le tourisme par voie de route est totalement arrêté, ce qui a de fortes incidences sur le pays qui assure traditionnellement sa croissance entre mai et octobre. Le commerce a été touché et l’activité transfrontalière est quasi-inexistante. En outre, les banques libanaises en Syrie sont à la peine. Riad Salamé estime «qu’il n’y a pas de risque à proprement parler, mais la progression de leur activité est freinée. Or le secteur bancaire est un élément essentiel dans l’économie du pays». Il a rappelé que la bdl «n’abrite aucun fonds syrien en provenance de la Banque centrale syrienne ou du régime». Quant à la présence d’avoirs syriens dans les banques libanaises, Riad Salamé précise que «les sanctions de la Ligue arabe sont venues après celles imposées par les États-Unis et l’Union européenne qui ont établi des listes de personnes ou d’institutions. Les banques libanaises, soucieuses de préserver de bonnes relations avec les banques correspondantes étrangères, ne veulent pas travailler avec des institutions ou des personnalités fichées sur ces listes». Et d’ajouter: «Les rumeurs qui ont circulé selon lesquelles de nombreux fonds sont venus de Syrie vers le Liban sont infondées.»

À quand les réformes ?
Le pays a un besoin pressant de réformes. Mais elles ne pourront être mises en œuvre que dans le cadre d’un consensus politique entre les décisionnaires. Or ce cadre fait défaut. Les tensions internes sont exacerbées par la situation en Syrie entre ceux au Liban qui soutiennent le régime de Bachar el Assad et ceux qui sont pour les contestataires. Ces tensions ont un impact sur les investisseurs qui font preuve de prudence. Ils attendent de voir si les problèmes dans le pays voisin ne vont pas être transposés au Pays du cèdre.

Les profondes divisions politiques empêchent les réformes, notamment la réduction des déficits. En revanche, le secteur privé reste dynamique, ce qui a permis de retarder les conséquences de l’absence de réformes sur la vie économique.

Pour Riad Salamé, le pays a un défi majeur à relever: sortir des ingérences étrangères, car le Liban a servi de théâtre pour diverses opérations pendant des dizaines d’années avec des connexions entre des forces régionales et internationales et des forces politiques libanaises. Il faudrait une déconnexion pour recentrer le débat sur le Liban et ses intérêts.

D’un côté, le Liban entend être solidaire de la communauté internationale et des pays arabes. De l’autre, il est dans une situation particulière en raison de son voisinage. Rappelons que lors des discussions au sein de la Ligue arabe sur les sanctions économiques à prendre contre le régime de Damas, Beyrouth, au moment du vote, s’est abstenu. Les sanctions arabes visent l’activité du gouvernement syrien, notamment l’activité financière et commerciale.

Bon point pour l’éducation
Le Liban a été classé à la 71e place mondiale et au 7e rang régional par le Programme des Nations unies pour le développement humain (Pnud). En 2010, il était au 70e rang mondial et à la 7e place parmi les pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena). Selon ce même rapport et en matière d’éducation, les Libanais sont au-dessus des chiffres régionaux avec en moyenne 7,9 années de scolarisation contre 5,9 années pour les pays arabes. En ce qui concerne le niveau de vie, qui prend en compte les inégalités, le Liban obtient un score de 0,571 et perd neuf places par rapport au classement précédent.

La délicate situation d’électricité du Liban – EDL
Celui qui séjourne même peu de temps au Liban est frappé par les nombreuses coupures d’électricité. Qu’est-ce qui empêche le règlement d’un dossier aussi important pour le pays? Le Parlement, au terme d’un compromis, a approuvé récemment un plan sur quatre ans, financé à hauteur de 600 millions de dollars par le gouvernement, le reste devant être assuré grâce à des fonds arabes. Ce plan prévoit le développement des centrales électriques existantes mais également la construction de centrales fonctionnant au gaz naturel liquéfié. La production doit ainsi augmenter d’au moins 700 mégawatts. Elle atteint en été en moyenne 1700 MW. Or la demande est de 2500 MW.

Depuis la fin de la guerre civile (1975-1990), l’électricité est l’une des principales causes de la contestation sociale avec des coupures quotidiennes, et le troisième plus grand poste de dépenses de l’État après le service de la dette et les salaires. Le déficit de l’EDL représente 3% du produit intérieur brut (PIB).

Des législatives en 2013
Face aux blocages politiques, la société civile tente de faire bouger certains secteurs. C’est ainsi qu’une ONG, l’Association nationale contre la corruption, a pour objectif de lutter contre la corruption et aspire à édifier un État de droit avec des institutions neutres et non plus un système de clans. Pour cela, elle organise des conférences de sensibilisation et de mobilisation à destination des jeunes dans l’ensemble des régions du pays(1). Des élections législatives doivent se dérouler en 2013 et elle entend créer un groupe de pression prêt à se mobiliser lors du débat sur la loi électorale.

(1) Perception de la corruption par Transparency International. Note de probité: 2,5 sur 10.

Exposition - Les Territoires de l’eau - Irrigation et partage de l’eau en Méditerranée

Exposition - Les Territoires de l’eau - Irrigation et partage de l’eau en Méditerranée - du vendredi 17 février au vendredi 13 juillet 2012

En Méditerranée, rendue nécessaire par les contraintes du climat, l’irrigation est inscrite au coeur des cultures et des paysages. Ce projet d’exposition ambitionne de faire voyager le visiteur à travers l’histoire et la géographie de l’irrigation dans le bassin méditerranéen. Elle montrera comment, dans cet espace, les sociétés, l’environnement et l’agriculture ont construit différentes cultures de l’eau et forgé diverses organisations sociales fondées sur le partage de cette ressource.


Contexte
Alors que se tiendra à Marseille en mars 2012 le Forum Mondial de l’Eau, la Bibliothèque départementale des Bouches-du-Rhône et l’IRD s’associent pour coproduire et présenter, en partenariat avec l’INA, l’exposition Les territoires de l’eau, irrigation et partage de l’eau en Méditerranée.


Comité scientifique
Le comité scientifique rassemble des chercheurs, spécialistes de l’irrigation et de la gestion de l’eau en Méditerranée :
Thierry Ruf (géographe, IRD) et Bruno Romagny (économiste, IRD), commissaires scientifiques de l’exposition, ainsi que Chantal Aspe (sociologue, Université de Provence), Laurent Auclair (géographe, IRD), Vincent Battesti (anthropologue, CNRS-MNHN), Christian Leduc (hydrologue, IRD), François Molle (géographe, IRD), Bernard Picon (sociologue, CNRS), Jeanne Riaux (anthropologue, IRD).

L’exposition Les territoires de l’eau est labellisée par le 6è Forum Mondial de l’Eau qui se tiendra à Marseille du 12 au 17 mars 2012, afin de faire progresser la cause de l’eau, permettre l’implémentation du récent Droit à l’accès à l’eau et à l’assainissement partout et pour tous et enfin, faire face aux grands défis mondiaux de l’eau, que ce soit en termes de santé, de sécurité alimentaire, de préservation de la ressource, de changement climatique, de gestion des risques...

Parcours de l'expositionUne « balade » à travers quatre territoires méditerranéens constitue le coeur de l’exposition, son fil rouge. Elle est ponctuée de stations autour d’objets techniques, et offre aussi des moments de réflexion sur les grands défis contemporains de la gestion de l’eau agricole en Méditerranée, grâce, entre autres, à des archives et documentaires audiovisuels mis à disposition par l’INA.


Introduction
La partie introductive de l’exposition inscrit la question de l’irrigation en Méditerranée dans un contexte mondial et souligne sa spécificité dans le bassin méditerranéen. Dans cette région du monde, l’eau n’est pas si rare qu’on peut le penser. Il s’agit, le plus souvent, avant tout d’un problème d’accès à la ressource, et donc de gestion sociale de l’eau.


Balade au fil de l'eau
Cette séquence constitue le coeur de l’exposition. Elle est organisée en quatre territoires distincts : montagne, fleuve, delta et oasis.

Montagne
L’irrigation dans les sociétés de montagne (Alpes provençales et italiennes, Cévennes, Pyrénées, Haut Atlas marocain, montagne libanaise…). C’est la culture des eaux rares et des terrasses gérées le plus souvent en communautés villageoises avec de très fortes singularités. La remarquable permanence des territoires irrigués dans les régions de montagne est une constante en Méditerranée. Depuis peu cependant, des changements s’amorcent...


Fleuves
L’irrigation dans les sociétés vivant dans les plaines alluviales des fleuves méditerranéens (Durance, Nil, Oronte, etc.): c’est la culture des extrêmes de l’eau en climat méditerranéen avec des alternances de crues et d’étiages, de hautes et de basses eaux. C’est l’histoire du contrôle des niveaux, de l’émergence des pouvoirs politiques porteurs de projets hydrauliques régionaux.
Le contrôle de l’eau produit des paysages nouveaux, rationalisés, géométriques. Les difficultés actuelles sont dues à l’extension réseaux qui échappent au contrôle public de manière délibérée ou non (surexploitation des eaux des nappes et des rivières par des pompages privés).

Deltas
Les sociétés des deltas (Camargue, Nil, Pô…) vivent les mêmes phénomènes que les précédentes mais avec des amplitudes de niveaux moindres et des périodes de submersion ou d’assèchement plus longues. Gérant des milieux humides, la culture du drainage précède celle de l’irrigation. Situées en aval des bassins versants, ces sociétés ne gèrent pas seulement l’eau qui leur parvient ! Elles affrontent plus que les autres le sel qui vient à la fois des intrusions marines et du lessivage des terres en amont. On retrouve là des singularités historiques et identitaires. L’histoire contemporaine et moderne, avec la grande hydraulique, a profondément modifié l’environnement des deltas.


Oasis
Les oasis, grâce à des sources naturelles aménagées (fogaras, khettaras…) donnent lieu à des prodiges paysagers et des fortes particularités sociétales.
On découvrira notamment les oasis marocaines (province du Tafilalet) et tunisiennes (Djérid), où les populations remettent en marche les galeries drainantes et revivifient l’espace oasien.
Cinq défis ont été recensés sur la gestion de l’eau aujourd’hui et demain. Ces problématiques ne sont pas liées à un territoire en particulier et se posent de manière transversale à toutes les sociétés méditerranéennes.


L'eau, une question d'ingénieurs
Le cheminement au fil de l’eau est doublé d’un « itinéraire technique » avec des objets anciens et maquettes d’outils hydrauliques prêtés pas le Musée des Arts et Métiers, qui montrent comment les hommes en Méditerranée par leur génie ont mobilisé l’eau pour l’agriculture (stockage, transfert, surélévation…) ou l’eau de l’agriculture pour des usages domestiques (moulins pour moudre le grain…). En effet, l’irrigation est aussi une question d’ingénieurs.


Infos pratique
Galerie d’exposition du rez-de-chaussée
Exposition coproduite par l’IRD et la Bibliothèque départementale, en partenariat avec l’INA Méditerranée

Du 17 février au 13 juillet 2012, du lundi au samedi de 10h à 18h.
Visites commentées gratuites
Individuels : les mardis à 12h30 et les samedis à 15h sur inscription (durée 1h)
Groupes : du lundi au vendredi de 10h à 18h sur rendez-vous
Publics handicapés en lien avec les conférences: mercredi 28 mars et samedi 28 avril à 15h00 ( traduit en langue des signes durée 1h30), mercredi 21 mars et mercredi 11 avril à 13h30 ( accompagné pour le public mal voyant durée 1h30)
Publics scolaires : visites commentées et ateliers sur rendez-vous
Renseignements : 04 13 31 82 00


Du Sahara aux Écrins

Un capteur des poussières sahariennes a été installé parmi les appareils de mesures de la station d'étude de la pollution atmosphérique gérée par le Parc national des Écrins dans le Briançonnais. Il complète un réseau de six collecteurs en France et autour de la Méditerranée.
Un coup de vent au Sahara et... portées par les vents et les masses d'air, des particules de sable arrivent jusqu'à nous !
L'analyse de ces particules de poussières intéresse les chercheurs du Laboratoire Inter-universitaire des Systèmes Atmosphériques (LISA) qui étudient l'évolution des atmosphères.... terrestres et planétaires ! Outre les images satellites et sondes diverses qui apportent déjà beaucoup d'informations, ils s'organisent pour récupérer ces dépôts venus du désert, qu'ils retombent par sédimentation ou bien qu'ils soient lessivés de l'atmosphère par les pluies...

Un capteur automatique des poussières du Sahara

Nom de code : CARAGA. Traduisez : collecteur automatique de retombées atmosphériques à grande autonomie.
Cet appareil est l'un des six collecteurs installés sur différents sites du sud de la France et du pourtour méditerranéen : de la Corse à Lampedusa, en passant par le Doubs, l'ïle du Frioul, Majorque et... les Écrins.

Depuis environ un an, l'un de ces collecteurs complète donc la panoplie des équipements de mesures atmosphériques (MERA) installés au-dessus du Casset, dans le Briançonnais.
Ainsi, plus aucune tempête dans le désert n'échappe à CARAGA...

« On a beaucoup travaillé sur les émissions en zone désertique et sur leur transport » explique Benoit Laurent, qui compte parmi les collaborateurs de ce programme au LISA (1). « On s'intéresse au dépôt des poussières sahariennes en Méditerranée occidentale et en France ».

Le système CARAGA a été spécifiquement conçu et développé par un ingénieur de la société ICARE avec les universitaires du laboratoire. Il est destiné à être installé en pleine nature et peut être autonome pendant plusieurs mois sans intervention... mais avec un minimum de surveillance quand même ! Or, au Casset, les agents du Parc national montent chaque semaine pour effectuer des relevés et vérifier que tout fonctionne correctement. « C'est important pour la qualité des mesures, et cette coopération avec le Parc des Ecrins est un vrai plus pour le programme de recherche » ajoute le chercheur. Sans compter l'aide concrète apportée par l'équipe du Parc pour acheminer les quelques 150 kg de matériel jusqu'à la station au printemps dernier.

Excepté au Casset, le système est mu par l'énergie solaire. Une à trois fois par semaine, selon la programmation, l'entonnoir qui permet de récupérer les retombées atmosphériques est rincé et les particules qui s'y étaient déposées sont récupérées sur un filtre fixé sur un plateau tournant. Ensuite, le plateau tourne et un nouveau filtre est prêt à recevoir l'échantillon suivant. Les particules lessivées de l'atmosphère par les eaux de pluies sont récoltées de la même façon.
Les particules retenues par le filtre sont alors pesées et certaines analysées par des méthodes chimiques.

Comprendre le transport des polluants sur de grandes distances

« Les poussières sahariennes sont faciles à repérer et à mesurer. De plus, ce sont de très bons traceurs atmosphériques parce qu'elles subissent peu de modifications chimiques pendant leur transport» ajoute Benoit Laurent.











L'est de l'Europe et les massifs montagneux sont des routes caractéristiques pour le transport des panaches de poussières du Sahara. Ces phénomènes se produisent plus fréquemment à certaines périodes, au printemps et en été, notamment.

Avec le réseau CARAGA, il s'agit de compléter des informations utiles à la recherche fondamentale mais qui peuvent avoir des applications directes pour aboutir à des prévisions. Soutenu par l'ADEME, le programme doit permettre de comprendre le transport de polluants sur de grandes distances. En effet, ces poussières sont très souvent responsables des dépassements de seuils de particules fines, observés dans le sud de la France et qui altèrent la qualité de l'air...

Après les expérimentations de terrain, complétées par celles réalisées en laboratoire, il s'agit de réaliser les modèles numériques nécessaires aux prévisions. En montagne, du fait du relief, l'analyse des phénomènes atmosphériques est plus complexe. L'installation du Casset doit permettre aussi de vérifier si les modèles fonctionnent aussi dans ce type de site.

(1) Le LISA (Laboratoire Interuniversitaire des Systèmes Atmosphériques), UMR CNRS 7583 est une unité mixte des universités Paris-Est Créteil , Paris Diderot et du CNRS. Il fait partie de l'Observatoire des Sciences de l'Univers EFLUVE et de la Fédération de recherche IPSL.
 Ses principaux thèmes de recherche portent sur la compréhension du fonctionnement des atmosphères terrestres et planétaires. et des impacts liés à la modification de la composition de l'atmosphère par les activités humaines. Les méthodes utilisées sont fondées sur des observations en atmosphère réelle, sur de la simulation expérimentale en laboratoire et de la modélisation numérique.

L'angoissant dossier de l'eau

Le sixième forum mondial de l'eau qui vient de se tenir à Marseille a confirmé ce que l'on savait déjà : l'accès à l'eau potable est le problème environnemental le plus préoccupant pour l'avenir de la planète, bien avant la pollution de l'air ou l'appauvrissement des énergies fossiles.

Du 12 au 17 mars, le sixième forum mondial de l'eau s'est tenu à Marseille : 20 000 participants, et parmi eux les plus grands spécialistes de la question. Depuis 1997, ce forum a lieu tous les trois ans. Il fait le point sur une ressource essentielle et, ce qu'il a inauguré dès sa première édition, lance un cri d'alarme, généreusement relayé par les médias.

Inquiétudes méditerranéennes

Mais, au fil des années, le constat reste le même : il est difficile d'accorder les voix des ONG, des collectivités locales, des gouvernements, des opérateurs publics, des multinationales de l'eau, etc.

Quittons pour une fois l'optique spécifiquement corse et élargissons le regard. A la proximité immédiate d'abord. La situation dans le monde méditerranéen est particulière, et on croyait être tranquille : il existe 2 000 bassins versants qui jusqu'à présent ont été suffisants pour assurer la ressource. Mais celle-ci est aujourd'hui en danger : cela est dû au réchauffement climatique, qui, en imposant de plus en plus tôt l'état de sécheresse, oblige à irriguer davantage, donc à consommer plus d'eau.
On ne peut pas tout faire supporter aux aléas du temps. Les problèmes sont dus aussi aux prélèvements anarchiques, aux forages sans contrôle, et aux connexions que les régions littorales concernées par le tourisme ont imposées aux zones de l'intérieur, moins peuplées donc moins gourmandes. Les transferts massifs d'eau en période estivale produisent des déséquilibres lourds de conséquences. En même temps, les multiples accès aux nappes phréatiques ne font pas que pomper celles-ci. Ils permettent aussi la pénétration des polluants en profondeur.

De nouveaux polluants en Europe

S'il est une bataille qui sera difficile à gagner et qui coûtera cher, c'est bien celle de l'eau potable, sans cesse menacée de nouvelles agressions. Ainsi, il y a deux mois, après trois ans de travaux techniques, la commission européenne a décidé d'augmenter la liste des polluants déjà recensés dans les cours d'eau et les lacs de la communauté. Il s'y ajoutera 15 produits chimiques considérés comme nocifs pour la santé, en particulier, et c'est la première fois, des substances pharmaceutiques. Les résidus de médicaments se fixent au début de la chaîne alimentaire qui se trouve dans les rivières, avec des poissons qui sont parfois des pharmacies ambulantes. Pour que l'Europe s'active, Il faut que la situation soit bien préoccupante…

Même en France, pays considéré comme gérant le mieux sa ressource, moins de 50 % de l'eau douce est jugée de bonne qualité. Le Grenelle de l'environnement avait fait du renversement de cette tendance une priorité. Mais l'embellie tarde à se mettre en place. On doit en effet compter avec les réalités industrielles et agricoles, qui font que par exemple 60 % des rivières contiennent des pesticides pourtant interdits depuis 10 ans. Comme le déclarait aux Échos le directeur de l'agence de l'eau Rhône-Méditerranée et Corse : « Le mauvais état écologique n'est pas une fatalité. » Il est cependant une réalité économique : il suppose pour être diminué des travaux importants, ne serait-ce qu'au niveau des stations d'épuration.

Mais, dans nos régions, ce sont là somme toute des problèmes de nantis. La réalité du dossier de l'eau est tout autre et autrement plus dramatique.

Un droit humain intangible

La rencontre de Marseille était intitulée « le temps des solutions » mais ce temps n'arrivera pas de sitôt, à supposer qu'on le voie poindre un jour. En 2010 déjà, l'assemblée générale de l'ONU avait défini l'accès à l'eau et à des installations sanitaires comme un droit humain intangible. Plusieurs associations, qui jugent que rien n'a avancé en raison de l'influence écrasante des multinationales de l'eau, tenaient à Marseille un forum parallèle.

Il est vrai qu'il y a 10 ans, au sommet de la terre de Johannesburg, le sujet avait déjà été évoqué et des engagements pris. Mais les progrès sont minimes par rapport aux enjeux. Il est temps de dépasser les affirmations de principe.
Aujourd'hui, 800 millions de personnes n'ont accès à aucune source d'eau potable. Selon les chiffres de l'Unesco, 2,5 milliards d'humains n'ont pas le minimum en termes d'assainissement, c'est-à-dire qu'ils font leurs besoins dans la nature, ce qui favorise l'apparition de maladies hydriques comme le choléra, qui font 3 millions de morts par an.

En conclusion du forum de Marseille, les représentants des gouvernements ont signé un communiqué commun. Ils y prennent le parti d'intensifier « la mise en œuvre des obligations en matière de droits de l'homme pour l'accès à l'eau potable et à l'assainissement pour le bien-être de tous et la santé en particulier des plus vulnérables. » À Marseille, on a aussi jeté les bases du prochain sommet sur le développement durable qui aura lieu en juin à Rio de Janeiro.
En effet, si l'assainissement a un impact certain sur l'hygiène et la santé, il en a aussi en profondeur sur les écosystèmes. Le fait que 80 % des eaux usées dans le monde ne sont pas traitées pousse à mettre en valeur l'idée d'un « assainissement durable », rendu d'autant plus nécessaire que les zones sous-développées n'échappent pas à la désertification rurale et aux concentrations urbaines, celle-ci prenant la forme de gigantesques bidonvilles d'où toute hygiène est absente. C'est pourquoi le nombre d'urbains privés d'eau courante et d'assainissement a crû de 20 % depuis l'an 2000.

Des investissements de grande ampleur

Entre pénurie physique de l'eau et pénurie économique, le constat reste le même : il faudra en Occident d'autres pratiques, d'autres modes de consommation, et dans les zones désertifiées par la sécheresse ou pénalisées par la misère des investissements de grande ampleur. Les uns ne dépendent pas des autres, mais les gouvernements, avant de s'accorder sur les problèmes globaux, ont tendance à penser d'abord à leur environnement propre. Et ils savent que leurs concitoyens sont très sensibilisés à ce problème.
Un sondage réalisé à l'occasion du forum marseillais révèle par exemple que la pollution de l'eau est considérée par les Français comme l'enjeu environnemental le plus préoccupant. Il vient avant la pollution de l'air, l'extinction des espèces animales et végétales, l'épuisement des énergies fossiles et le réchauffement climatique.
Lorsque l'on demande aux personnes interrogées quelle serait la meilleure manière d'améliorer l'accès à la ressource, elles préconisent la création d'un nouveau droit social à l'eau, sorte d'allocation pour les ménages modestes, mais elles pensent surtout que la modulation des tarifs de l'eau consommée serait plus efficace, avec un prix du mètre cube augmentant à mesure que la consommation augmente.

Le poids du prélèvement agricole

À Marseille, 140 pays étaient représentés, avec leurs cohortes d'experts. Il va sans dire que de l'Afrique à l'Europe en passant par les pays émergents, les soucis ne sont pas les mêmes au quotidien, mais ils se rejoignent sur le long terme. Les perspectives ne sont pas encourageantes. On estime que la demande d'eau aura augmenté de 55 % en 2050, alors que la ressource sera de plus en plus difficile à atteindre et coûteuse à exploiter. La population mondiale, en augmentant fortement, demandera davantage pour se nourrir à l'agriculture et à l'élevage, qui utilisent déjà 70 % de l'eau disponible.
Ces volumes pourraient augmenter jusqu'à atteindre 90 %. Telles sont les conclusions du quatrième rapport mondial de l'eau publié le 12 mars. En 400 pages, le document évoque aussi les contraintes presque insurmontables que créera le développement des villes. Il y avait en 2009 3,4 milliards de citadins. Il y en aura 6,3 milliards en 2050. Sans commentaire.
En matière économique, développement et disponibilité de l'eau sont étroitement liés. Et le rapport de l'ONU pointe un risque jusque-là inconnu : l'eau devenant un objet de conflits entre les états, une arme stratégique comme l'est parfois le pétrole. Cela est d'autant plus plausible que 15 % des pays du globe dépendent à 50 % d'une eau venue de l'extérieur. Et la quasi-totalité des bassins transfrontaliers n'ont pas de gestion commune.

Le fonds d’infrastructure InfraMed réalise son premier investissement en Turquie

Le fonds InfraMed (fonds dédié aux infrastructures en Méditerranée) a acquis, au travers de sa filiale InfraMinervois Holding, une participation de 20% de la société Limak Iskenderun Ulusarasi Isletmeciligi A.S. (« Limak Iskenderun »).

Limak Iskenderun est la société chargée de gérer et de développer le port d’Iskenderun en Anatolie dans le cadre d’une concession de 36 ans. Cette participation a été acquise auprès de Limak, un des plus importants groupes de construction turcs, qui conserve les parts restantes de la société.

Le port a été transféré à Limak Iskenderun en décembre 2011 dans le cadre du programme de privatisation du gouvernement. La société va investir dans ce projet pour transformer une grande partie de la zone portuaire actuelle en un terminal de containers moderne apte à desservir tout le pourtour est et sud-est de la Méditerranée. Sa capacité sera de 1.3 millions EVP « unité équivalent 20 pieds » par an.

Frédéric Ottavy, Directeur général d’InfraMed Management a déclaré « Nous sommes heureux d’investir aux côtés de Limak pour faire émerger ensemble un projet porteur de succès pour la région et pour les investisseurs. L’opportunité de travailler avec des partenaires de premier plan disposant d’une expertise constitue un facteur clé de sélection des opportunités d’investissement et nous nous félicitons de la complémentarité de nos équipes. »

Antoine Gosset Grainville, Directeur Général f.f. de la Caisse des Dépôts (France), vice président du Conseil des investisseurs de la société s’est «félicité de ce premier investissement d’InfraMed qui a une portée symbolique forte, témoignage de l’engagement collectif des investisseurs de long terme, dont la Caisse des Dépôts, des deux côtés de la Méditerranée. D’autres investissements dans la région sont imminents, ce qui témoigne de la confiance des investisseurs dans la région et dans la capacité des pays méditerranéens, au-delà de la phase de transition en cours, à s'inscrire dans des perspectives de croissance solides et durables"

Pour mémoire, InfraMed est un fonds d’investissement en infrastructures destiné aux pays des rives méridionales et orientales de la Méditerranée. Les cinq investisseurs institutionnels ayant contribué à hauteur de 385 millions d'euros lors du lancement sont : la Caisse des Dépôts, la Cassa depositi e Prestiti, la Banque européenne d’Investissement, la caisse de Dépôt et de Gestion marocaine et la banque d’investissement égyptienne EFG Hermes. Inframed vise une dotation totale d’environ un milliard d’euros et a récemment recruté Deloitte pour l’assister dans la levée de fonds.

Contact presse
Correspondant : Philippe Joyeux / Benjamin Perret – 01 58 50 40 00
Source - Communique de Presse Caisse de Dépôts

La sécurité alimentaire, un projet concret pour la Méditerranée

En Méditerranée, deux dérives se développent et y accentuent l’insécurité humaine, sans faire grand bruit sur le plan médiatique et politique. L’actualité se focalise, non sans raison, sur les conflits armés, les crises financières et ces changements de régime qui sillonnent un espace méditerranéen décidément volcanique

Et pourtant, silencieusement, deux fragilités croissantes s’immiscent dans ce champ si déterminant que représente l’alimentation des populations. Déterminant car l’acte alimentaire est le quotidien, le nécessaire et le révélateur, et non pas l’occasionnel, le superflu ou l’anecdotique. La première dérive résulte d’une évolution lente et ancienne, témoignant de pratiques alimentaires excessives et déséquilibrées. La seconde inquiétude, elle, se manifeste inévitablement quand les contraintes économiques et les tensions sociopolitiques prolifèrent. Deux fragilités sur les deux faces d’une seule problématique : la sécurité alimentaire.

L’alimentation, depuis des années déjà, fait sa révolution en Méditerranée. Aspirés par les dynamiques de l’urbanisation et de la mondialisation des échanges agricoles, les consommateurs y ont progressivement modifié leurs pratiques alimentaires. Socle identitaire et richesse de cette région, la diète méditerranéenne est pourtant de moins en moins observée. La qualité moyenne de la ration alimentaire ne cesse de se dégrader. Davantage de sucres et de lipides sont consommés tandis que les produits et les plats traditionnels méditerranéens, qui réclament fraîcheur et préparation, sont quelque peu délaissés. Les fast-foods s’implantent au cœur de villes globalisées où trouver des produits typiques parfois se complique. Aux risques sur la santé d’une alimentation désordonnée s’ajoutent les coûts sociaux et économiques d’une telle dérive.

Pas un pays méditerranéen n’échappe actuellement à l’accroissement des maladies de surcharge (surpoids, diabète, pathologies cardio-vasculaires). Même en Crète, berceau de la fameuse diète méditerranéenne, les chiffres sont alarmants. Un tiers des enfants y souffre d’obésité. Les taux ne sont pas moins inquiétants au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, là où les dispositifs de prévention et les capacités de traitements médicaux restent insuffisants. Les maladies d’origines alimentaires figurent parmi les causes de décès les plus fréquentes, conséquence de pollutions, d’insalubrités pour l’eau utilisée dans la cuisson des aliments ou de défaillances dans la sûreté sanitaire de nombreux produits.

Alors qu’elle fait l’objet de nombreux travaux scientifiques, au point d’être considérée par l’Organisation Mondiale de la Santé comme l’un des modèles alimentaires les plus favorables à l’être humain, la diète méditerranéenne perd donc du terrain dans les pays de la région. En revanche, sa popularité grandit dans des contrées occidentales éloignées, à l’instar des Etats-Unis, où l’on valorise les bienfaits de la gastronomie méditerranéenne et de cette diète, pour tenter de renverser les courbes ascendantes d’une malnutrition qui déstabilise la santé des populations mais aussi les finances publiques. Ce combat que mène notamment Michèle Obama, les pays méditerranéens feraient bien d’y être attentifs. Pour anticiper de telles épreuves, ils se doivent de réagir et de reconquérir ce qui représente une assurance-vie évidente et un formidable patrimoine partagé. D’ailleurs, depuis 2010, l’Unesco a décidé d’inscrire la diète méditerranéenne au patrimoine culturel immatériel de l’Humanité. Cette reconnaissance doit être un catalyseur à la mobilisation collective. La diète méditerranéenne, en effet, par delà ses vertus sanitaires et nutritionnelles, peut servir de levier d’action afin de modifier les trajectoires du développement humain et économique dans les pays de la région.

Pour sensibiliser les opinions publiques et les décideurs, il faut parfois s’intéresser au contenu des assiettes, et donc à l’alimentation, pour révéler le rôle essentiel de l’agriculture et de la sécurité alimentaire dans les politiques sociales et économiques. Considérée dans une approche holistique, « du paysage à la table », la diète méditerranéenne sollicite plusieurs secteurs. Mémoire vivante de la diversité culturelle et de la singularité géographique de cette région, la diète méditerranéenne appelle à des actions immédiates et conjuguées. Dans le domaine de l’environnement, pour produire plus mais mieux, dans un contexte de raréfaction des ressources naturelles et d’accélération des changements climatiques. Dans l’espace juridique aussi, pour y protéger les produits traditionnels de la Méditerranée et les différencier, en misant sur l’approche terroirs et sur la dynamique touristique que peut déclencher le triptyque « un village, un produit, une histoire ».

Des opportunités existent dans la sphère économique également, puisque l’adaptation des produits typiques méditerranéens aux circuits modernes de distribution peut recréer du lien et de la confiance entre producteurs, industriels et consommateurs. Dans le système éducatif, pour enrayer la malnutrition, les enfants et les nouvelles générations doivent être la cible de politiques nutritionnelles innovantes et séduisantes. Pourquoi ne pas introduire plus de place à l’alimentation dans les parcours scolaires alors qu’elle engage la vie de chaque être humain ? En outre, la diète méditerranéenne interpelle l’action publique, que ce soit celle des Etats soucieux d’investir dans la responsabilisation alimentaire, celle des collectivités territoriales désireuses de promouvoir leur territoire et de soutenir leurs agricultures locales, ou encore celle des citoyens. Bien décidés à devenir des consomm’acteurs, ils sont de plus en plus nombreux à se soucier des empreintes écologiques et donc politiques de leurs régimes alimentaires.

Et puis comment ne pas évoquer le commerce quand on constate que pour se nourrir, le Monde a besoin de toutes ses expressions agricoles. La Méditerranée ne sera jamais compétitive pour la quantité de ses productions. En revanche, si des synergies émergent dans ce sens, elle peut l’être pour la qualité de ses produits. C’est dans un mouvement collectif que les pays méditerranéens élargiront le périmètre de leurs marchés commerciaux. La Méditerranée doit donc retrouver sa diète et ses produits, car c’est assurément le modèle alimentaire et agricole qui convient le mieux, non pas au Monde, mais bien aux pays de cette région.

A ce rattrapage dans la consommation, nul doute qu’il faille simultanément préserver l’accessibilité et la régularité des approvisionnements alimentaires. C’est là où la seconde face de la sécurité alimentaire intervient. La démarche qualité ne doit pas masquer l’impératif de la quantité. Or la carte de la faim se calque toujours sur celles de la pauvreté et de la conflictualité. Là où la misère prospère et les armes résonnent, le manque de nourriture frappe les populations et leur dignité laisse apparaître un abcès supplémentaire. Quand les pouvoirs d’achat se réduisent, que le prix des denrées de base explose et que la chaîne logistique déraille, ce sont à la fois les moyens d’accès à l’alimentation et sa disponibilité qui s’en trouvent ébranlés. En Syrie, en Grèce, au Portugal ou en Tunisie, pour des raisons évidemment différentes, car aucun scénario de crise ne se ressemble, la sécurité alimentaire des populations est menacée. La privation d’argent pour les uns, le danger physique pour les autres, bouleverse la vie du quotidien. L’inflation alimentaire, qui partout se propage dans la région, entérine dans le temps ces tensions.

Pour la majorité des pays méditerranéens, leur dépendance structurelle aux importations extérieures devient géopolitiquement préoccupante dans un contexte mondial où les risques de confrontations alimentaires s’aiguisent. Une mauvaise récolte dans un grenier à blé de la planète, le coût des grains qui s’envole, et voilà la pression qui augmente au baromètre des risques politiques en Méditerranée. Doit-on ici rappeler que les pays de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient captent en moyenne 30% des importations mondiales de blé chaque année ? Le recours aux subventions alimentaires, longtemps utilisé par les pouvoirs publics comme parade à l’effervescence populaire, devient budgétairement insoutenable. Dans la période actuelle, caractérisée par des performances économiques déclinantes qui tranchent avec de très fortes revendications sociales, le climat peut vite devenir instable.

Et les révoltes arabes depuis 2011 tendent à souligner S’il serait excessif de parler d’émeutes du pain pour qualifier les révolutions arabes qui se déroulent depuis 2011, il ne faudrait pas négliger l’impact de la hausse des prix alimentaires comme facteur de mécontentement populaire. En Egypte, malgré la hausse du PIB enregistrée au cours de la dernière décennie, la malnutrition infantile s’est accrue et près d’un million et demi d’enfants de moins de 5 ans présentent de sévères carences alimentaires. Cette vulnérabilité pourrait s’élargir à de nouvelles couches de la population, la pauvreté ayant tendance à se répandre depuis un an avec la récurrence des troubles publics et la détérioration des conditions de vie. Elle illustre en tout cas le double visage de l’insécurité alimentaire et de ses désordres à la fois qualitatifs et quantitatifs.

Les pays du pourtour méditerranéen, qui chercheront tôt ou tard d’autres voies que celles empruntées jusqu’à présent en matière de projets communs, seraient bien avisés de placer l’agriculture et l’alimentation au cœur de leur coopération pour enfin toucher le quotidien des individus et conduire cet espace sur un chemin de développement plus responsable. La disparition d’une menace ne se décrète pas, elle se prépare et se construit à travers une détermination sur le long-terme. Affrontant les défis du présent pour garantir l’avenir, la recherche d’une plus grande sécurité alimentaire peut redonner un sens géopolitique contemporain à la Méditerranée.

Par Sébastien Abis - Analyste politique spécialisé sur la Méditerranée, Administrateur au Ciheam

6ème Forum mondial de l'eau: l'heure du bilan pour la Méditerranée

Plus de 30.000 professionnels issus de 170 délégations se sont rassemblés à l'occasion du 6ème forum mondial de l'eau à Marseille du 12 au 17 mars 2012.

Le problème de l'inégale répartition naturelle de l'eau sur la planète se pose avec particulièrement d'acuité dans le bassin Méditerranéen, l'une des régions les moins bien dotées en ressources hydriques au monde, et où les conséquences du réchauffement climatique se font le plus sentir. L'inefficacité actuelle des modes de gestion de l'eau accentue encore ce sombre tableau. Les pertes en eau sont ainsi évaluées à hauteur de 40% dans la région. Les sessions méditerranéennes du forum mondial de l'eau ont ainsi ciblé les thématiques de la gouvernance, de la gestion de la demande, du recours aux eaux non conventionnelles et de la dépollution d’un écosystème partagé. Elles ont permis de mettre en exergue un certain nombre de solutions qui devraient être suivies par la mise en place de task forces dédiées.

L'Institut de Prospective Economique du Monde Méditerranéen (IPEMED), membre du réseau ANIMA, a recommandé la concentration de données internationales sur l'eau au sein d'un centre national d’informations, en vue d’améliorer la planification et la stratégie. Ce centre, ou "hub méditerranéen" pour la gestion de l'eau, permettrait de catalyser les actions des différents réseaux en mutualisant leur expertise.

L’Institut Méditerranéen de l’Eau (IME) qui coordonnait les débats du Processus Intercontinental Méditerranéen, a insisté sur l'obligation d'une meilleure gouvernance pour assurer la durabilité des projets. Il préconise la mise en place de cellules transversales de la gestion de demande en eau, ainsi que la création d'outils de planification pour une gestion concertée et collective optimale.

ANIMA a également participé à la consultation " Quels obstacles à l'innovation dans le domaine de l'eau en Méditerranée? " organisée par le CMI, avec cette présentation.

Synthèse ANIMA

Tunisie : Plus de 35% de hausse des investissements étrangers dans les deux premiers mois 2012

L’investissement étranger en Tunisie a enregistré une hausse de 35,2% pendant les deux premiers mois d 2012, par rapport la même période de 2011, selon les derniers chiffres publiés lundi par l’Agence de promotion de l’investissement extérieur en Tunisie (FIPA).

Au terme des deux premiers mois de l’année 2012, l’investissement étranger réalisé a atteint 291,2 millions de dinars contre respectivement 215,3 millions de dinars et 275,1 millions de dinars sur la même période en 2011 et en 2010. (Un dinar équivalent à 0.66 dollar).

D’après les données de la FIPA, l’investissement étranger en Tunisie est réparti à raison de 271,4 millions de dinars en investissements directs étrangers (IDE) et 19,8 millions de dinars en portefeuille.

Pour les deux premiers de 2012, "les IDE sont le résultat de l’entrée en production de 20 nouvelles entreprises et la réalisation de 49 opérations d’extension".

La hausse des IDE observée au cours des deux premiers 2012 est de 35,1% par rapport à 2011 et de 2% par rapport à 2010.

Le nombre d’emplois générés par ces IDE s’élève à 1.425 postes, avec une progression de 70% par rapport à la même période de 2011, toujours selon la FIPA.

L’analyse du flux des IDE effectuée par la FIPA par secteur a révélé une concentration sur l’énergie et les industries manufacturières pour des valeurs respectives de l’ordre de 160 millions de dinars et 59,8 millions de dinars.

Votre opinion compte ! Contribuez à la politique de l’UE sur les organisations de la société civile dans la coopération au développement



La Commission européenne recherche les opinions des organisations de la société civile (OSC) et des intervenants concernés pour élaborer la future politique de l’UE sur l’appui aux OSC dans les pays partenaires en matière de développement. Cette politique sera annoncée d’ici la fin 2012.

Les OSC sont de plus en plus reconnues comme étant des acteurs clés dans la promotion de la gouvernance démocratique, du développement équitable et de la croissance inclusive. Cependant, dans de nombreux pays, elles sont dans le même temps confrontées à des défis toujours plus nombreux, notamment en raison de la restriction de l’espace juridique et politique dans lequel elles opèrent.

Dans le cadre de la préparation de cette nouvelle politique, la direction générale du développement et de la coopération – EuropeAid (DG DEVCO) consultera les parties prenantes.

Le but de cette consultation en ligne est de recueillir les vues et les bonnes pratiques en ce qui concerne les thèmes clés du document de consultation.
Ces thèmes sont les suivants :

• les OSC et les principes d'efficacité du développement;
• les défis liés au rétrécissement de l'espace juridique et réglementaire pour les activités des OSC;
• la promotion de la participation des OSC à l’élaboration des politiques publiques et à la responsabilité nationale;
• le renforcement des capacités internes des OSC;
• la gouvernance interne des OSC et la responsabilité;
• vers un engagement cohérent et efficace de l'UE avec les OSC locales au niveau des pays;
• « nouveaux domaines de réflexion »

Les OSC et les autres parties prenantes sont donc invitées à répondre aux questions posées dans ce document de consultation. La CE sollicite particulièrement les contributions des OSC locales dans les pays partenaires.

Les contributions sont à envoyer avant le 7 mai 2012.

Les contributions seront analysées et synthétisées dans un rapport qui sera publié sur le site internet de la DG DEVCO d'ici la fin du mois de juillet 2012.
Par ENPI Info Centre

Pour en savoir plus
- Communiqué de presse et modalités de participation à la consultation

Le festival "Montpellier Danse" poursuit sa visite de la Méditerranée













Après Israël l'an passé, le festival Montpellier Danse, du 22 juin au 7 juillet, poursuivra sa visite du pourtour méditerranéen avec le Maroc, la Tunisie, la Turquie ou encore le Liban et l'Iran, tout en donnant une place centrale au hip hop.

Après Israël l'an passé, le festival Montpellier Danse, du 22 juin au 7 juillet, poursuivra sa visite du pourtour méditerranéen avec le Maroc, la Tunisie, la Turquie ou encore le Liban et l'Iran, tout en donnant une place centrale au hip hop.

"Il ne faut pas voir de l'opportunisme par rapport à ce qui s'est passé dans les pays du Maghreb ou en Egypte dans le choix du thème +le goût de la Méditerranée+. On a monté cette programmation à partir de 2009", a souligné le directeur Jean-Paul Montanari au cours d'une conférence de presse mardi.

"On avait prévu ce diptyque: la première année des artistes de Tel-Aviv et un deuxième volet avec la suite du bassin méditerranéen, a ajouté le patron d'un festival qui accueillera 32 chorégraphes pour 52 représentations, dont 19 créations. Au total, 120 rendez-vous et 30.000 spectateurs attendus pour un budget de 3,08 millions d'euros.

Prévue depuis plus d'un an l'ouverture de ce rendez-vous a été confiée à Mourad Merzouki, directeur du centre chorégraphique national de Créteil (Val-de-Marne), d'origine algérienne.

"C'est important de mettre en avant ce qu'on ne voit pas assez dans les médias, des jeunes comme moi qui défendent la culture française et l'ouverture vers le monde", a souligné le chorégraphe avant d'ajouter: "Ce qui me construit, c'est de me battre contre cette image qu'on renvoie de nous"

"Les gens ne nous regardent pas de la même manière quand on salue sur scène et quand on entre dans le métro", poursuit Mourad Merzouki qui a voulu prendre des risque dans ce festival, dont il est artiste associé, avec deux créations associant traditions, danse contemporaine et hip hop: Yo Gee Ti avec des danseurs sud-coréens et Kafig Brasil avec des danseurs cariocas.

L'un des autres temps forts de ce festival qui, depuis plus de 30 ans, a pour ambition d'asseoir la réputation de Montpellier comme lieu de création de danse contemporaine, sera l'accent mis sur l'Iran avec une nuit du cinéma iranien et deux spectacles d'Ali Moini, dont une création sur le thème des réactions au choc psychologique.

"Ce pays me fascine. C'est la jointure entre l'Asie et l'Europe. Mais la répression sur les artistes me rend fou et le mot danse y est interdit", a dénoncé M. Montanari.