Partenariats public-privé en Méditerranée


L’Institut de Prospective Economique du Monde Méditerranéen (IPEMED) publie une étude consacrée aux Partenariats Public-Privé en Méditerranée et propose une série  de  recommandations  pour  développer  le  financement  des  projets  en Méditerranée. 
 En effet, face à des besoins en investissements de plus en plus importants, estimés par la Banque Européenne d’Investissement à 300 milliards d’euros d’ici 2030, et dans une conjoncture peu favorable où les budgets publics des Pays du Sud et de l’Est  de  la  Méditerranée  (Psem)  sont  contraints  par  la  crise  financière  et économique,  le  recours  par  les  différents  gouvernements  de  la  région  aux partenariats public-privé (PPP) est indispensable.

Les  marchés  publics  ne  permettant  plus de  mener  à  bien  tous  les  projets,  cette alternative semble nécessaire tant les dettes de certains Etats sont importantes.

En théorie, les principaux avantages découlant de l’utilisation des PPP résident dans l’optimisation du rapport coûts/résultats, la  répartition des risques entre l’autorité publique  et  l’opérateur  privé,  la  conservation  par  l’entité  publique  du  contrôle
stratégique du service, et enfin le gain à traiter avec un secteur privé expérimenté.

L’intérêt pour un Etat ou une collectivité locale est "de développer une infrastructure économique  pour  assurer  le  développement  d’un  pays,  tout  en  réduisant  son emprunt et les risques associés." 

Les  Psem  présentent  des  situations  très  contrastées  de  par  leur  histoire,  leur contexte  politique  et  macro-économique.  Ils  ont  par  conséquent  différentes expériences de mise en œuvre de projets sous forme PPP. Si certains pays ont une
longue expérience en termes de PPP (Maroc, Egypte et Turquie), d’autres pays n’ont pour le moment pas accompli d’avancées significatives  en  la  matière  (Liban, Syrie).

Cependant, le  recours croissant à l’usage des PPP ne se fait pas sans obstacles du fait  que  ce  mode  de  financement  et  de  gestion  est  relativement  nouveau  dans  la région méditerranéenne. 

En effet, les cadres financier et juridique des PPP sont différents d’un pays à l’autre et les projets susceptibles de faire l’objet de PPP ne sont pas clairement identifiés. 

Enfin,  le  secteur  privé  local  ne  semble  pas  outillé  pour  accompagner  des  projets d’envergure.

C’est pourquoi le développement de tels mécanismes pourrait être favorisé à travers notamment l’élaboration et l’adoption d’un cadre régional harmonisé de PPP qui aurait comme base les recommandations suivantes :

1. Instaurer  un  cadre  règlementaire  spécifique  aux  PPP  composé  d’une législation  unifiée  adaptée  à  tous  les  types  de  PPP  et  à  tous  les  secteurs  d’activité et d’une unité PPP rassemblant des compétences variées (juristes, financiers, économistes, ingénieurs, …).

2. Présenter  aux  investisseurs  un  régime  juridique  harmonisé de  protection de l’investissement et de garantie de règlement des litiges.

3. Proposer une  offre  de  garanties à  la  carte  couvrant  les  risques  politiques, commerciaux et financiers suivant les projets. La création d’un guichet unique regroupant  les  différents  acteurs  internationaux  et  nationaux  à  même  de garantir le financement de projets labellisés est préconisée.

4. Favoriser  le  financement  des  projets  en  monnaie  locale  en  développant nationalement  un  marché  obligataire  attractif  pour  les  investisseurs  et  les banques locales. La modernisation des marchés financiers et des bourses des pays  concernés et le développement de produits favorisant l’épargne à long terme  permettraient  de  mobiliser  des  financements  locaux.  Par  ailleurs,
l’intégration  régionale  favoriserait  la  liquidité  et  le  marché  de  revente secondaire.

Standardiser  les  process  de  mise en œuvre des PPP afin de créer des modèles reproductibles susceptibles d’attirer et de sécuriser les investisseurs.

Pour  ce  faire,  la  formation  des  acteurs  publics  aux  spécificités  des  PPP  mais également des acteurs privés s’ils ont peu d’expérience dans la mise en œuvre de projets globaux est nécessaire. La réalisation d’une étude de faisabilité du projet destinée à déterminer ses modalités de réalisation, d’apprécier et de partager  les  risques  et  d’estimer  sa  rentabilité  économique  est  également fondamentale. Par ailleurs, proposer un groupement de projets (environ 3 ou 4) de taille adaptée aux sources de financements disponibles permet d’attirer les opérateurs privés en leur présentant différentes opportunités d’investissement.

Tenir  compte  du  rôle  des collectivités  locales dans  le  développement  des PPP.  Développer  une  expérience  nationale  sur  des  petits  et  moyens  PPP permettrait de favoriser des projets plus rapidement mis en œuvre et plus perceptibles pour la population. L’implication des banques locales permettrait en outre d’associer les PME locales et serait donc de nature à favoriser la création d’emplois et le renforcement du tissu industriel. Dans le cadre des collectivités locales, il est important d’informer les élus qui ont souvent une vision erronée des PPP et de faire appel à des conseillers pour préparer les études préalables,
rédiger les appels d’offres et les contrats si nécessaire.

Mutualiser  les  expériences  de  la  Région par l’intermédiaire d’une task force afin  de  développer  les  expériences dans la région par effet d’émulation et d’imitation.

Labelliser des projets afin de sécuriser les investisseurs sur la conformité des projets développés et ainsi de faciliter l’accès aux marchés financiers pour le financement des projets. Cette labellisation permettrait également d’améliorer la perception de l’attractivité de la Région.
Pour plus d'informations

Aucun commentaire: