Le château marseillais de la Buzine, Cité du cinéma consacrée à la Méditerranée

A l'abandon depuis des dizaines d'années, le château marseillais de la Buzine, immortalisé par Marcel Pagnol dans "Le château de ma mère", renaît de ses cendres sous la forme d'une Cité du cinéma consacrée à la Méditerranée, ouverte au public samedi.
Quand l'écrivain-cinéaste jette son dévolu en 1941 sur cette bâtisse baroque située dans l'est de Marseille, avec vue sur les collines provençales, il ne sait pas encore qu'il vient d'acheter, par téléphone, la demeure qui effrayait tant sa mère sur le chemin des vacances, le long du canal entre Marseille et Aubagne.
Ce n'est qu'une fois sur place qu'il reconnaît "l'affreux château, celui de la peur, de la peur de ma mère", raconte-t-il dans ses souvenirs d'enfance. "Elle entendait les cris du garde, et le souffle rauque du chien. Blême, tremblante, et pour jamais inconsolable, elle ne savait pas qu'elle était chez son fils".
Pagnol rêve d'y créer une Cité du cinéma capable de rivaliser avec Hollywood, mais le projet restera lettre morte car le château est occupé pendant la Guerre, puis squatté et pillé.
L'académicien le revend à un promoteur immobilier en 1973, un an avant sa mort. Quand la ville en devient propriétaire en 1995, ce n'est plus qu'une ruine envahie par les ronces, qui a perdu son toit d'ardoises, ses planchers et ses escaliers.
Il faudra attendre plus de dix ans pour voir les travaux démarrer. L'architecte marseillais André Stern s'empare du projet. Il réhabilite, en se basant sur des photos, les tours octogonales, les façades et les rares vestiges d'une demeure sans grand intérêt architectural édifiée en 1867, trouvée dans un état "moribond".
"Je lui ai redonné sa vie sans recréer un pastiche" et en y apportant une touche moderne par le biais d'une verrière accueillant les visiteurs et laissant entrer la lumière, explique-t-il.
On commence le parcours par les sous-sols, dans une ambiance feutrée. Parcours ludique qui décline "une journée en Méditerranée" au fil d'extraits de films, des frères Lumière à Almodovar, en passant par Visconti, Vadim, Guédiguian.
Cinq escales: le café, où le tintement des verres se mêle aux éclats de voix. La place du village, où le spectateur regarde les vidéos sur des draps qui sèchent ou à travers des trous de serrure. La maison, où il faut ouvrir porte et tiroirs pour découvrir des oeuvres. Les paysages, où on plonge dans la garrigue ou la mer. Puis la trilogie Marius-Fanny-César se reflétant dans des miroirs.
L'espace de 4.000 m2, dont la réhabilitation a coûté 11,4 M d'euros, abrite aussi une salle de cinéma de 350 places, à l'ancienne, avec balcon et orchestre, qui mettra cet été Pagnol à l'honneur, des expositions (d'ici fin 2011, portraits du photographe de plateau Roger Corbeau et hommage à Fernandel), une bibliothèque et une vidéothèque, alimentées notamment par la cinémathèque de Marseille. Autour, un parc de plus de cinq hectares a été aménagé.
"L'idée, ce n'est pas de faire de ce lieu un musée Pagnol. Pagnol, quand il voulait créer sa Cité du cinéma, c'était pour ouvrir ce lieu au monde entier", souligne Serge Necker, directeur de la Maison des cinématographies de la Méditerranée.
La Buzine se veut "une maison de rencontre entre professionnels et grand public", où productions anciennes et actuelles se côtoieront, précise le responsable, qui espère attirer 50.000 personnes par an malgré l'éloignement du centre-ville.
La famille de Pagnol n'a pas pris part au part au projet, regrettant que "la promotion soit faite sur son nom" sans qu'un véritable hommage lui soit rendu, selon Nicolas Pagnol, contacté par l'AFP, qui gère le patrimoine artistique de son grand-père.
Par AFP & Lexpress.fr
http://www.lexpress.fr/actualites/1/culture/le-chateau-de-ma-mere-transforme-en-cite-du-cinema-le-reve-de-pagnol_1003632.html

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