Bruxelles révise son aide aux pays du sud de la Méditerranée

La Commission européenne veut davantage lier son aide aux voisins méditerranéens de l'UE à leurs progrès démocratiques, dans le cadre d'un "Partenariat" censé corriger les erreurs du passé et accompagner les mouvements populaires en Afrique du Nord et au Moyen Orient.
L'exécutif européen a adopté mardi les grandes lignes d'un nouveau "Partenariat pour la démocratie et la prospérité partagée" à l'attention des voisins du sud de la Méditerranée qui doit être soumis vendredi aux chefs d'Etat et de gouvernement des 27, lors d'un sommet extraordinaire à Bruxelles.
Il s'agit notamment de "redistribuer" de façon "plus conditionnelle et différenciée" d'un pays à l'autre les quatre milliards d'euros que la Commission européenne comptait utiliser durant la période 2011-2013 pour aider ces pays.
L'enjeu, selon M. Barroso: "assister les pays du sud de la Méditerranée dans leur processus de transition et impulser une nouvelle dynamique à nos relations avec notre voisinage méditerranéen".
Un document décrivant ce partenariat, adopté mardi par l'exécutif européen, plaide pour une "approche fondée sur des encouragements et sur une plus grande différenciation: ceux qui vont plus loin et plus vite vers des réformes seront en mesure de compter sur un plus grand soutien de l'UE".
Outre une aide d'urgence de 17 millions d'euros promise récemment à la Tunisie, quelque 240 millions sont prévus de longue date pour 2011-2013, et 445 millions en faveur de l'Egypte. La Commission européenne entend les "réorienter" afin de "mieux répondre aux défis actuels".
Quelque 30 millions d'euros ont aussi été débloqués pour une aide humanitaire d'urgence dans ces pays et en Libye.
Le défi posé par les révolutions arabes est de même ampleur que celui auquel faisait face l'Europe vingt ans plus tôt avec la chute du Rideau de fer.
Récemment, dans un vibrant mea-culpa, le commissaire européen en charge de la politique d'aide aux voisins de l'UE, Stefan Füle avait admis que l'UE n'avait jusqu'à présent pas assez défendu "les droits de l'Homme et les forces démocratiques locales" sur la rive sud de la Méditerranée.
Alors que le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi était reçu comme un hôte de marque à Paris, Rome et les autres capitales européennes, l'UE était notamment liée par des accords d'association à la Tunisie de Ben Ali et à l'Egypte de Hosni Moubarak --sans jamais activer les clauses de suspension en cas de violation des droits l'Homme. En outre, elle négociait ces derniers mois avec Ben Ali en vue de lui accorder des préférences commerciales supplémentaires dans le cadre d'un "statut avancé".
Désormais, Bruxelles propose d'offrir cette perspective aux "pays partenaires qui mettront en oeuvre les réformes nécessaires".
Alors que l'UE s'est aussi vue reprocher d'avoir un peu trop négligé les aides à la société civile, la Commission propose d'en faire l'un des trois piliers de son nouveau Partenariat, à côté de la transformation démocratique et du "développement solidaire", centré en particulier sur les PME.
Outre des accords commerciaux plus étendus, Bruxelles propose aussi davantage de coopération dans le domaine de l'énergie.
Enfin, Bruxelles soutient l'idée d'une réforme du mandat de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd), afin qu'elle étende au sud méditerranéen sa mission entamée il y a vingt ans dans l'ex-URSS. Si l'ensemble de ses actionnaires l'approuvent, la Berd pourrait débloquer un milliard d'euros par an dans ce cadre.
Quant à la Banque européenne d'investissement, elle pourrait offrir près de 6 milliards d'euros à la région dans les trois ans à venir si les 27 acceptent d'augmenter son enveloppe de prêts, souligne le document.
Source Yann OLLIVIER de AFP - le 8 mars 2011
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