Méditerranée - Tunisie, construire une modernité méditerranéenne

La révolution de jasmin constitue un tournant dans l’histoire du monde arabe. Elle pose les conditions d’une modernité méditerranéenne reconquise par le sud, et bouleverse beaucoup de représentations et de clichés qui prévalent sur les pays arabo-musulmans.
Après les constats et les analyses sur les raisons qui ont conduit le peuple à renverser le régime : système mafieux, arrogant et autocratique, clientélisme, corruption, mais aussi chômage massif et notamment des jeunes, il est urgent de travailler sur la reconstruction du pays. Car c’est tout le système économique, politique, social, culturel qui doit être repensé.
De nombreuses décisions doivent être prises, vite, par une classe politique renouvelée, compétente et crédible. Il faut envoyer sans tarder les signaux qui montrent que les revendications sont écoutées, que la volonté est réelle d’impliquer la société civile dans son ensemble et notamment les nouvelles générations.
Sur un plan économique, il faut parier sur les secteurs d’avenir - tourisme, nouvelles technologies notamment, pour lesquels la Tunisie à des atouts certains - main d’œuvre qualifiée, proximité du marché européen, et investir massivement dans les infrastructures.
Mais il ne faut pas oublier deux autres piliers cruciaux que constituent les médias et la culture. Les premiers ont été, et notamment les médias sociaux, les accélérateurs du mouvement populaire, et ils seront la garantie de la diffusion de la démocratie dans la société tunisienne.
Il n’y aura pas non plus de reconstruction sans soutien des espaces de dialogue et de création. Celle-ci a été étouffée, à de rares exceptions près, par la censure. Elle sera la marque d’un peuple qui reprend confiance et affirme à nouveau sa fierté.
La Tunisie peut constituer un symbole pour le monde arabe, car au-delà de la révolution de jasmin, c’est la question de la modernité au sud de la Méditerranée qui est posée et celle de la relation euro-méditerranéenne. Il faut saisir l’opportunité que constituent ces mouvements pour relancer le processus, ce sont nos intérêts respectifs sur les deux rives. La démission du secrétaire générale de l’UPM offre finalement une opportunité de rebond.
La société civile et notamment la nouvelle génération a un rôle majeur à jouer, car cette réinvention se fera avec et par elle. C’est cette conviction qui avait poussé à la création du réseau des Young Mediterranean Leaders (YML). Notre multidisciplinarité, notre dimension apolitique, la jeunesse et l’enthousiasme de nos membres doivent être les relais naturels de la construction d’une Méditerranée moderne. Le YML, qui se tiendra cette année du 10 au 12 mars, à Marrakech, autour du thème construire les modernités méditerranéennes sera conduit dans cet esprit. C’est avec la participation de nombreuses personnalités issues des sphères économique, politique, médiatique, culturelle que nous tenterons de définir les voies, les idées et les solutions nouvelles.
Jérôme Cohen -Directeur général Young Mediterranean Leaders.
http://www.ymlforum.org/
Source Maghrebemergent.com - le 13 février 2011
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