L'Union pour la Méditerranée : victime de la révolution

Les violences en Afrique du Nord et au Proche Orient menacent l’Union pour la Méditerranée (UPM) qui réunit 27 États membres de l’UE, leurs voisins maghrébins (Algérie, Maroc, Tunisie et Mauritanie) ainsi que 11 autres États de la Méditerranée. La Libye bénéficie du statut d’observateur, Mouammar Kadhafi ayant refusé de participer au sommet de l’UPM qui est pour lui un complot visant à saper l’unité des pays arabes et africains.

La création d’une organisation réunissant 43 États avec quelques 750 millions d’habitants et dont le territoire s’étend des glaces du Groenland aux sables du Sahara, est devenu un événement d’envergure internationale mais aussi, comme le dit notre commentateur Alexeï Grigoriev, un grand succès diplomatique du président français Nicolas Sarkozy, l’inspirateur principal de ce projet. C’est d’ailleurs lui qui préside l’Union pour la Méditerranée et l’ancien chef d’État égyptien, Hosni Moubarak, était le co-président.

« L’organisation est officiellement dénommée « Processus de Barcelone : Union pour la Méditerranée ». Ses objectifs et missions ont été fixés par le sommet de juin 2008 à Paris. Il s’agit de créer un « vrai partenariat » entre les deux rives de la Méditerranée, et en matière de « développement durable et paisible » en premier lieu.
L’UPM est chargée d’aider l’Union européenne dans le développement politique, économique et social des partenaires du sud de celle-ci en créant des structures énergétiques communes, élargissant le partenariat industriel et commercial, renforçant la sécurité, luttant contre l’immigration clandestine, le terrorisme, la grande criminalité et la traite des êtres humains.
Des centaines de projets communs ont été élaborés de la protection de l’environnement dans le bassin méditerranéen à la création d’infrastructures de transport maritime, aérien et terrestre qui doivent relier entre eux les États membres de l’UPM. Les projets sont certes grandioses et prometteurs surtout pour les pays en développement qui attendaient une vraie assistance de la part de l’UE. Mais hélas, ces projets sont restés lettre morte.
La cause, c’est avant tout l’inadaptation des structures de l’UPM.

La population des pays du sud n’a pas ressenti l’assistance des partenaires du nord. Quant à l’UPM, qui a déjà été trop longue à se construire, elle s’est éloignée encore plus des projets annoncés après les événements au Maghreb et au Proche-Orient.

Les pays d’Afrique du Nord et du Proche Orient s’enfoncent dans des bouleversements politiques et sociaux tandis que leurs partenaires de l’UE comme de l’UPM ne peuvent que faire état des résultats de la révolution. Ainsi l’Égypte et la Tunisie constituaient les piliers de l’UPM. Leurs leaders, Ben Ali et Hosni Moubarak, étaient les alliés les plus fidèles du président Nicolas Sarkozy déterminé à réunir des États si différents. Après la démission de Ben Ali et d’Hosni Moubarak, après que le secrétaire général de l’UPM, le Jordanien Ahmed Massader, ait claqué la porte, le président français est resté seul au volant de l’UPM alors que sa création lui avait coûté cher.

L’UPM est en détresse. Y a-t-il des forces et des personnes capables de lui venir en aide? Aujourd’hui, cette question reste en suspens. La situation reste imprévisible en Afrique du Nord surtout en Libye où tout pronostic est vain. D’énormes injections financières sont à prévoir afin de soutenir les nouveaux détenteurs du pouvoir et de rassurer les populations. Il y a enfin une constatation qui s’impose : le renforcement de la présence américaine dans la Méditerranée risque à priver l’UE de son influence géopolitique et de son rôle dans la région. D’ailleurs, l’UPM a été créée dans le but d’y renforcer l’influence européenne en reléguant au second plan les États-Unis.
Par Alexei Grigoriev - La Voix de Russie - le 24 février 2011
http://french.ruvr.ru/radio_broadcast/5646129/46006160/index.html

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