L'intégration maghrébine, élément fondamental de l'Union pour la Méditerranée

Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Taib Fassi Fihri, a déploré, vendredi à Paris, le maintien de la fermeture des frontières entre le Maroc et l'Algérie qui empêche l'intégration maghrébine, «élément fondamental» de l'Union pour la Méditerranée (UpM).
Le Maghreb intégré sera un élément fondamental de l'UpM. Malheureusement, nos frères algériens maintiennent les frontières fermées», a-t-il souligné, lors d'une table-ronde qu'il coprésidait avec son homologue française, Michèle Alliot-Marie, sous le thème «Pour un espace de croissance et de stabilité en Méditerranée».
Face à cette situation, a relevé Fassi Fihri, le Maghreb continue d'être «en panne», comme en témoigne notamment le niveau «infiniment bas» des échanges maghrébins.
«2% à peine de nos échanges extérieurs au niveau de chacun des pays se font entre pays maghrébins», a regretté le ministre, soulignant également le manque d'infrastructures et de projets communs au niveau de l'Union du Maghreb Arabe (UMA).
«Le Maghreb doit se réveiller, la conscience maghrébine, doit se réveiller», a-t-il insisté, en soulevant l'urgence de concrétiser le projet de l'UpM, qui, dit-il, «est un travail en commun entre l'Europe et le Sud de la Méditerranée».
Fassi Fihri considère en effet l'UpM comme «une étape complémentaire et positive par rapport au processus de Barcelone de 1995, en prévoyant une gestion paritaire entre le Nord et le Sud avec un secrétariat basé à Barcelone, et en identifiant des projets concrets (plan solaire, autoroutes de la mer, autoroutes terrestres, protection civile, Pme/Pmi), ce qui coïncide, a-t-il dit, avec «les priorités arrêtées» par S.M. le Roi Mohammed VI.
Il a rappelé que le Maroc a pris l'initiative, dans le cadre de cette perspective euro-méditerranéenne, de s'engager dans la coopération sud-sud, à travers notamment l'accord d'Agadir.
«Dans l'attente d'un Maghreb intégré, nous avons pris cette initiative de zone de libre-échange, qui va au-delà de l'échange de produits entre le Maroc, l'Egypte, la Tunisie et la Jordanie et qui reste ouverte à l'ensemble des pays arabes et méditerranéens», a-t-il dit.
Evoquant le blocage de l'UpM à cause de la situation au Moyen-Orient, Fassi Fihri a souligné qu'«il ne faut pas que le conflit israélo-arabe prenne en otage l'UpM», car pour le Maroc, dit-il, ce conflit «ne sera pas gagné au sein de l'Union pour la Méditerranée».
«L'UpM se portera mieux quand ce conflit soit résolu, mais avant il faut réaliser les projets pragmatiques arrêtés en 2008», a-t-il affirmé, tout en défendant le droit des Palestiniens d'avoir leur Etat.
«Il ne faut pas qu'Israel continue dans sa politique d'obstruction, d'illégalité, de colonisation, tout en voulant avoir une relation apaisée avec les voisins», a-t-il insisté.
De son côté, Alliot-Marie a réitéré l'engagement de la France en faveur de la Paix au Moyen-Orient, notant toutefois que «nous ne pouvons pas attendre que toutes les difficultés politiques soient résolues pour que l'on puisse avancer» dans le projet de l'UpM, «au service de la prospérité dans la zone méditerranéenne».
Henri Guaino, Conseiller spécial du président français, chef de la mission interministérielle de l'UpM, a mis l'accent sur la communauté de destin entre les deux rives de la Méditerranée qui justifie ce projet, soulignant que l'UpM «ne doit pas se limiter aux flux commerciaux», mais porter également sur «la production, la création et l'invention».
«L'UpM doit être axée sur la production en commun, le coinvestissement et le codéveloppement, avant même d'être l'espace commercial le plus fluide du monde», a-t-il dit.
Le secrétaire général de l'UpM, Ahmed Masa'deh (Jordanie), a, quant à lui, appelé l'Union européenne à investir plus dans la dimension multilatérale de sa coopération avec la région méditerranéenne (investissement, transfert des technologies, migration etc.), dans le cadre de relations «équitables», autres que celle de l'assistanat.
Cette table-ronde a été organisée dans le cadre de la 3e édition du Colloque international «Nouveau monde, nouveau capitalisme», initié par le ministre français de l'Industrie, Eric Besson, dans le but d'amorcer «une réflexion collective» afin d'«alimenter la présidence française du G8/G20».
Source MAP & www.lematin.ma - le 8 janvier 2011

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