L’Union pour la Méditerranée : l’eau comme baptême du feu

C’est un baptême du feu plutôt réussi que vient de passer hier, en Jordanie, l’Union pour la Méditerranée (UPM) en s’attaquant au dossier sensible de l’eau. Le Sommet de Paris du 13 juillet dernier avait arrêté une liste de priorités pour cette organisation internationale, dont deux jugées essentielles : la dépollution de la mer Méditerranée et la gestion durable des ressources en eau. Quatre mois plus tard, la conférence ministérielle organisée au bord de la mer Morte a fait un premier pas déterminant. Les lignes directrices d’une stratégie de long terme pour l’eau, capable « de répondre aux défis du changement climatique et à ses impacts en Méditerranée », ont été lancées.
« Il s’agit aujourd’hui pour nous de passer à l’acte. Je suis convaincu que si nous réussissions sur l’eau, l’UPM aura fait la preuve de sa légitimité », a déclaré hier Jean-Louis Borloo dans le cadre de la conférence ministérielle sur l’eau, coprésidée par la Jordanie, l’Egypte et la France. Le pari semble sur la bonne voie. Les ministres des pays euroméditerranéens, rassemblés pour l’occasion en Jordanie, ont adopté à l’unanimité une déclaration qui prévoit une stratégie méditerranéenne axée sur deux points clés : « la préservation de la qualité de l’eau » et la « satisfaction des besoins des populations », grâce notamment à une gestion raisonnée de l’eau dans le secteur économique.
Fondée en juillet dernier à l’initiative de Nicolas Sarkozy, le « Processus de Barcelone, Union pour la Méditerranée » (UPM) a ainsi abordé avec succès son premier dossier délicat. L’organisation internationale qui compte 44 membres, dont 27 de l’UE, a amorcé un processus dont l’ambition est « de répondre aux défis du changement climatique et de ses impacts ». La conférence ministérielle « a constitué une accélération sur les problématiques de gestion de l’eau et une première étape concrète pour la mise en œuvre des décisions prises par les chefs d’Etat et de Gouvernement, le 13 juillet 2008 à Paris, pour l’Union pour la Méditerranée », ont commenté dans un communiqué les responsables de la conférence. « La stratégie permettra de s’attaquer à des problèmes dépassant les moyens d’action d’un seul pays ou d’une seule organisation ».
Un calendrier précis Certes, cette lettre de bonnes intentions doit maintenant s’affiner et se concrétiser. Des objectifs chiffrés concernant « la préservation de la qualité des eaux » et la « réduction des pressions sur les ressources en eau par des usages plus économes » doivent en particulier être fixés. De nouveaux projets d’équipements dans le domaine de l’eau, cohérents avec la Stratégie, doivent également être déterminés. Certains, présentés hier, seront discutés avant d’être validés au cours des prochains mois.
Le calendrier mis en place en Jordanie s’appuie sur une série d’évènements clés en 2009 et 2010. En janvier, une conférence sur les financements de l’UPM, organisée par l’Egypte, traitera d’abord de plusieurs projets présentés hier.
En mars, les ministres de l’UPM profiteront du Forum mondial de l’Eau qui aura lieu à Istanbul pour examiner l’état d’avancement de la stratégie. La conférence ministérielle sur le développement durable, prévue fin mars à Monaco, permettra ensuite la labellisation « UPM » et le financement de projets « qui pourraient démarrer dès 2009 ». En juin, la France organisera une journée dédiée « au partage d’expérience entre les différents acteurs dont les autorités locales ».
Enfin, l’Espagne organisera au cours du premier semestre 2010 une conférence ministérielle consacrée à l’adoption de la stratégie et à un premier bilan des projets mis en place. En lançant ce défi sur l’eau, enjeu du XXIème siècle, l’UPM compte bien gagner en crédibilité et renforcer les liens entre ses membres : États riverains de la mer Méditerranée et ensemble des États membres de l’Union européenne (Albanie, Algérie, Bosnie-Herzégovine, Croatie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Mauritanie, Monaco, Monténégro, Autorité palestinienne, Syrie, Tunisie, Turquie, et Ligue arabe). Cette organisation se coule dans la structure du processus de Barcelone, pacte liant l’Europe aux pays riverains de la Méditerranée, mis sur pied en 1995.
Patrick Cros - Developpementdurablelejournal.fr - 23 décembre 2008

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