Méditerranée : Paris optimiste sur l'avenir économique de la rive sud

Le secrétaire d'Etat en charge de la Prospective, Eric Besson, voit les pays de la rive sud de la Méditerranée comme « les prochains émergents ». Un document à paraître aujourd'hui étaye sa thèse, mais souligne aussi les difficultés de la zone.
A trois jours du coup d'envoi de l'Union pour la Méditerranée (UPM), l'optimisme sur l'avenir économique des pays du sud et de l'est de cette zone est de mise au gouvernement. « Ce seront les prochains émergents », assure Eric Besson aux « Echos ». Le secrétaire d'Etat en charge de la Prospective doit publier, aujourd'hui, une série de statistiques qui étayent sa thèse, mais identifient aussi des défis à relever. « C'est une zone au potentiel important, dont la complémentarité avec les pays du nord de la Méditerranée est évidente », explique-t-il.
Les chiffres présentés dans le document que se sont procuré « Les Echos » le laissent croire. Les perspectives de croissance, tout d'abord. Elles sont « bonnes », explique l'étude en s'appuyant notamment sur les projections de la Banque mondiale. La progression du PIB de ces pays pourrait atteindre au moins 5 % en 2008 et en 2009, et se stabiliser à 3,5 à 4 % par an en moyenne d'ici à 2030. Même chose pour le taux d'ouverture commerciale qui, avec 35,6 %, est proche de celui de la Chine.
Quant au taux de croissance annuel des exportations, il s'est établi entre 2000 et 2005 à 7,9 %, soit « nettement plus que la croissance du commerce mondial (+ 3,6 %) et que celle des exportations de l'Union européenne vers les pays tiers (+ 4,6 %) ». Le document évoque encore « l'aubaine démographique comparable à celle qu'ont connue les pays d'Asie du Sud et de l'Est avant l'émergence ».
Les indicateurs seraient-ils tous au vert ?
D'autres verront plutôt la bouteille à moitié vide... La croissance ? Les économistes estiment qu'il faudra qu'elle soit « plus rapide » que prévu pour rattraper le niveau de vie par habitant des grands émergents. Le commerce extérieur ? Il a été déficitaire pour tous les pays du sud et de l'est de la Méditerranée entre 2000 et 2005. Les disparités entre les pays ? Elles sont « notables ».
Certains, comme l'Algérie et la Libye, qui n'exportent que des hydrocarbures, risquent d'être confrontés à une « désindustrialisation » s'ils ne se concentrent que sur la rente pétrolière.
D'autres, comme le Maroc, la Tunisie et la Turquie, ont une forte spécialisation dans les services touristiques. « Globalement, les pays de la région restent trop peu diversifiés, donc vulnérables aux aléas conjoncturels », relativise le document.

Européens à la traîne
Et si le potentiel économique est là, comme le souligne Eric Besson, d'autres s'en sont aperçus bien avant les Européens. La présence des investisseurs du Golfe dans l'immobilier et le tourisme s'accroît - leurs flux d'investissements ont été multipliés par 3,5 en quatre ans -, tout comme celle de la Chine dans le BTP et l'industrie lourde.
La part des investisseurs européens reste toutefois dominante depuis 2003, avec 48 % du total. « Il y a un terreau favorable pour l'Europe, mais les pays du sud et de l'est de la Méditerranée - qui sont l'objet de beaucoup d'attentions moyen-orientales, asiatiques ou latino-américaines - ne nous attendront pas », concède Eric Besson. « Notre intérêt commun est le codéveloppement pour beaucoup de raisons et pour résoudre les questions d'immigration et de pression démographique », conclut-il. Un argument qui fera peut-être la différence.
Par Marie-Christe CORBIER - Journal Les Echos - le 11 juillet 2008

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