Lancement de l'Union pour la Méditerranée

Une quarantaine de pays représentant 800 millions d'habitants réunis à Paris: Nicolas Sarkozy a lancé en fanfare dimanche 13 juillet son Union pour la Méditerranée, dont il espère rien moins qu'une réconciliation de tous les Etats riverains de la "Grande bleue". Reste à savoir si, au-delà du succès du sommet de Paris, l'UPM fera mieux que le processus de Barcelone lancé en 1995 et dont elle s'inspire largement. Les 43 pays européens et méditerranéens ont adopté "à l'unanimité" une déclaration créant l'UPM à l'issue de quatre heures de réunion au Grand Palais. "Nous en avions rêvé. L'Union pour la Méditerranée est maintenant une réalité", s'est réjoui Nicolas Sarkozy. "Il fallait quelqu'un qui prenne des risques et puis le cercle vertueux s'engage", a-t-il espéré. Coprésidée par Nicolas Sarkozy et le président égyptien, Hosni Moubarak, l'UPM réunit la totalité de l'Union européenne et les Etats de la rive sud de la Méditerranée, dont l'Algérie, le Maroc, Israël, la Syrie ou le Liban, ainsi que l'Autorité palestinienne. Seule la Libye a refusé d'y participer.
Un sommet tous les deux ans
Si le mandat du coprésident de la rive Sud a été fixé à deux ans, celui du coprésident du Nord reste flou, alors que l'UE est dans un no man's land juridique depuis le rejet du traité de Lisbonne par les Irlandais. L'UPM tiendra un sommet tous les deux ans. Le lieu où siégera son secrétariat sera fixé lors d'une réunion des ministres en novembre. Les Etats-membres sont tombés d'accord sur six premiers projets concrets "à géométrie variable": l'implication de tous les Etats n'est pas automatique, chacun restant libre de décider de participer ou non à l'un ou l'autre. Pour le reste, l'UPM reprend largement les acquis du processus de Barcelone.
Son nom officiel est d'ailleurs "processus de Barcelone: Union pour la Méditerranée", alors que cette structure était dans l'impasse en raison des conflits régionaux.
Mais il y a "deux nouveautés", a insisté Nicolas Sarkozy: "une volonté d'égalité entre le Nord et le Sud" symbolisée par la coprésidence et "une volonté de se retrouver autour de projets concrets".
Aucun incident
Le président français a qualifié ce sommet de "succès", alors que la chancelière allemande, Angela Merkel, saluait un "très bon départ" pour l'UPM. Nicolas Sarkozy a surtout insisté sur la présence à la même table de la quasi-totalité des pays arabes concernés, dont le président syrien Bachar el-Assad, et du Premier ministre israélien Ehoud Olmert.
"Pendant quatre heures (...) personne ne s'est levé pour partir (...) Il y a pas eu d'éclats de voix". Certes, mais le président syrien n'était pas présent pour le discours du Premier ministre israélien, Ehoud Olmert, lors de la séance plénière, selon deux représentants du gouvernement israélien. Il a été "très présent tout au long de l'après-midi", a rétorqué le président français. "Personne a fait d'incident ou quoi que ce soit", a-t-il assuré.
"Si Bachar el-Assad a par exemple des pourparlers, s'il a des choses à faire à l'extérieur de la salle, où est le problème?", a estimé de son côté Hosni Moubarak. Israël et la Syrie ont récemment repris des discussions indirectes de paix sous la médiation de la Turquie, mais le président syrien a laissé entendre que des discussions directes n'étaient pas encore pour bientôt.
De poignée de main entre Bachar el-Assad et Ehoud Olmert, il n'a jamais été question à Paris et il n'y a eu aucune photo de famille du sommet. Le roi du Maroc Mohammed VI était quant à lui absent, ce qui lui a évité de côtoyer le président algérien, Abelaziz Bouteflika.
Mais "le Maroc était représenté", a insisté Nicolas Sarkozy.
Challenges.fr avec AP - le 14 juillet 2008

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