Algérie - Allemagne : La sécurité énergétique contre l’engineering germain

La Chancelière allemande, Angela Merkel entame, aujourd’hui, une visite de deux jours en Algérie qui fera la belle part aux questions énergétiques, le gaz algérien étant de plus en plus intéressant pour l’Allemagne.
L’Allemagne sous la dame de fer Angela Merkel passe ainsi à la vitesse supérieure en voulant se ressaisir sur un nombre important de dossiers d’ordre stratégique après des années d’hésitation. La réussite de Henkel Algérie est pour beaucoup dans ce retour de la machine allemande, véritable poumon de l’industrie européenne et mondiale. Sous la houlette de la dynamique chambre algéro-allemande de commerce et d’industrie AHK, les relations entre les deux pays ont connu depuis un véritable bond en avant, avec des échanges commerciaux qui ont atteint près de 2 milliards de dollars en 2007.
Aujourd’hui, quelque 140 entreprises allemandes sont présentes en Algérie avec un volume d’investissement qui frise les 350 millions d’euros. On cite, notamment, les plus en vue à l’instar de ZF, Siemens, Knauf, Man, Deutz, Messer, Liebherr et BASF. Le retour de la compagnie aérienne Lufthansa et les activités très enrichissantes des fondations Friedrich Ebert, Konrad Adenauer et Friedrich Neumann ne sont pas des moindres, puisqu’ils ont permis, en un laps de temps, de rehausser l’image et la destination Algérie sur le plan international.
Certes, l’appréciation allemande de la situation financière de l’Algérie a aidé pour beaucoup dans ce rapprochement stratégique lorsqu’on sait qu’actuellement l’Algérie devient un fournisseur important pour l’Allemagne, notamment en hydrocarbures, mais surtout en gaz au moment où la RFA opte pour la diversification de ses sources d’approvisionnement afin de réduire sa dépendance du gaz russe.
Et là, l’Allemagne se hisse au rang de 4e fournisseur de l’Algérie. Elle est son 13e client en 2006. En outre, l’attrait allemand pour le marché algérien n’est pas seulement pour sa sécurité énergétique, à long terme, mais aussi pour son engineering reconnu de par le monde.
En s’imposant comme étant le meilleur prestataire de services à valeur ajoutée notamment dans les domaines de l’industrie pétrolière et gazière, pharmaceutique et chimique, de l’eau et des télécommunications, du bâtiment, des automatismes dans l’industrie et dans l’informatique.
L’expertise allemande s’intéresse également aux énergies renouvelables en l’occurrence le solaire et dans l’engineering militaire ainsi qu’au segment de la formation continue en management et de mise à niveau des PME, avec la mise en place d’une académie pour cadres algériens qui stimule la création de réseaux d’entreprises au sein d’un même pays. D’autant plus que Berlin considère l’Algérie comme un « pouvoir régional en Afrique et dans le monde arabe ».
En tous les cas, l’axe franco-allemand vers l’Algérie se renforce à la lumière d’un nouveau partenariat l’Union pour la Méditerranée (UpM) où de grands projets structurants sont attendus dans les jours qui viennent entre ces deux pays pivots de l’Union européenne et les pays de la rive Sud notamment l’Algérie. Les Allemands emboîtent le pas à leur vis-à vis Français, et jetteront la lumière sur des questions jusque-là mises à l’écart, mais présentant un potentiel d’affaires juteuses. Une sorte de deal gagnant-gagnant.
Le rachat dernièrement par la Deutsch Bank du cabinet d’études algérien Stratégica confirme cette orientation vers les banques d’affaires et les sociétés de leasing. Une orientation qui ambitionne d’accompagner la croissance de l’économie algérienne pour entamer de grandes réformes structurelles, notamment bancaires et financières. Dans cette optique, l’axe algéro-allemand se tourne vers le partenariat et l’investissement avec la prise de participation dans les capitaux algériens.

Abed Tilioua — La Voix de L’Oranie - le 16 juillet 2008

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